Le déluge
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long qu’aujourd’hui. Rien ne fut négligé, humainement parlant, pour
donner à cette entreprise toute la perfection possible. Néanmoins,
l’arche n’aurait pu, telle qu’elle était, braver l’orage qui allait se
déchaîner sur la terre. Dieu seul pouvait protéger ses serviteurs au
milieu des éléments.
“C’est par la foi que Noé, divinement averti de ce qu’on ne
voyait pas encore, et pénétré d’une pieuse crainte, bâtit l’arche pour
sauver les siens ; par elle il condamna le monde, et devint héritier
de la justice qui vient de la foi
” A tous les spectateurs, l’œuvre
prouvait la sincérité de Noé, ainsi que l’authenticité de son message.
Chaque coup de marteau rendait témoignage de sa foi. Il donna au
monde un exemple de ce que signifie prendre Dieu au mot. Tout
ce que Noé possédait fut investi dans cette construction. De toutes
les directions, des multitudes vinrent contempler cette gigantesque
embarcation érigée sur terre ferme, et entendre les paroles ferventes
et convaincues du singulier prédicateur.
Touchés et remués par ses avertissements, un grand nombre de
ses auditeurs parurent se joindre à lui. Mais leur conversion était
superficielle. Ils ne voulaient pas abandonner leurs péchés. Le temps
qui s’écoula avant l’arrivée du déluge démontra la fragilité de leur
foi. Ils se laissèrent entraîner par l’incrédulité générale, et finirent
par retourner à leurs anciennes coutumes. Rejetant la voix de la
miséricorde et le solennel message de Noé, ils furent bientôt ses plus
hardis détracteurs. Nul ne va si loin dans le mal que celui qui, après
avoir reçu la lumière, repousse les appels du Saint-Esprit.
Les hommes de cette génération n’étaient pas idolâtres dans
toute l’acception du terme. Un grand nombre d’entre eux se disaient
adorateurs du vrai Dieu, et prétendaient que leurs idoles n’étaient
qu’une représentation de la divinité et les aidaient à la concevoir plus
nettement. Tels étaient les premiers et les plus notables adversaires
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de la prédication de Noé. Représentant Dieu par des objets matériels,
ils étaient aveuglés sur sa majesté, sa puissance et la sainteté de son
caractère, aussi bien que sur la nature sacrée et immuable de ses
exigences. Le péché leur paraissait de moins en moins grave, et ils en
étaient venus à croire que la loi divine n’était plus en vigueur. Il est
contraire au caractère de Dieu, disaient-ils, de châtier les malfaiteurs,
* .
Hébreux 11 :7