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Patriarches et Prophètes
les mains de ton fils Absalom, et te voilà toi-même dans le malheur,
parce que tu es un homme de sang !”
Durant tout le temps de la prospérité de David, cet homme n’avait
donné aucun signe de mécontentement à l’égard du roi. C’était au
jour du malheur que ce Benjamite révélait son véritable caractère.
Il avait honoré David sur le trône, il le maudissait maintenant dans
l’humiliation. Égoïste et rampant, il jugeait les autres d’après lui-
même. Triompher du malheur des autres, tel est bien l’esprit de
Satan.
Les accusations de Siméï contre David étaient absolument gra-
tuites et calomnieuses. Le roi n’était coupable d’aucun tort vis-à-vis
de Saül ou de sa maison. Alors qu’il aurait pu le tuer plus d’une
fois, il s’était contenté de couper le pan de son manteau, acte qu’il
regretta par la suite comme un manque de respect pour l’oint du
Seigneur.
Un autre exemple de cette magnanimité avait eu lieu un jour où
David était caché dans la caverne d’Adullam. Sa pensée s’étant re-
portée aux jours de sa jeunesse, il s’était écrié : “Oh ! que je voudrais
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boire de l’eau de la citerne de Bethléhem
!” Bethléhem était en ce
temps-là entre les mains des Philistins. Trois hommes d’élite de sa
troupe ayant traversé la garnison ennemie apportèrent à leur chef
l’eau si ardemment convoitée. Mais David ne voulut pas la boire. Il
la répandit en l’honneur de Dieu en disant : “Loin de moi, ô Éternel !
une telle pensée ! Cette eau est comme le sang de ces hommes qui
sont allés là-bas au péril de leur vie !” Bien que David fût un homme
de guerre, et qu’il eût passé une bonne partie de sa vie au milieu de
scènes de violence, il en était sorti moins endurci qu’on ne l’est en
général.
Le neveu de David, Abisaï, l’un de ses plus braves capitaines, ne
pouvant écouter davantage les propos insolents de Siméï, s’écria :
“Pourquoi ce chien mort se permet-il d’insulter le roi, mon seigneur ?
Laisse-moi faire ! J’irai lui couper la tête !” Le roi David le lui défen-
dit : “Voyez, mon propre fils, dit-il à Abisaï et à ses serviteurs, celui
qui est sorti de mes entrailles, en veut à ma vie ; à plus forte raison ce
Benjamite ! Laisse-le faire, et qu’il me maudisse, car l’Éternel le lui
a commandé. Peut-être l’Éternel aura-t-il égard à mon affliction, et
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2 Samuel 23 :13-17