Page 660 - Patriarches et Proph

Basic HTML Version

656
Patriarches et Prophètes
David laissa la conduite et l’achèvement de la guerre avec les
Ammonites entre les mains de Joab, et il rentra à Jérusalem. Les Sy-
riens avaient déjà fait leur soumission. L’écrasement des Ammonites
paraissait certain, et il croyait pouvoir jouir tranquillement du fruit
de ses victoires, comme des honneurs de son habile administration.
C’est dans ce moment de vigilance assoupie, au sein du bien-être,
que l’ennemi va tenter de s’emparer de son esprit. David oubliera-
t-il que si Dieu l’a comblé de faveurs, c’est pour l’inciter à plus de
vigilance et à une conduite irréprochable ? Hélas ! entouré d’aise et
de sécurité, il laisse, au contraire, se relâcher l’étreinte qui le lie au
Seigneur.
Au milieu des périls de sa jeunesse, conscient de son intégrité,
David remettait ses voies entre les mains de Dieu, et il était tou-
jours délivré des pièges innombrables qui se dressaient devant lui.
Maintenant qu’il a péché, coupable, impénitent, il oublie de deman-
der au ciel de le sortir du gouffre où il est tombé. Bath-Séba, dont
la fatale beauté l’a séduit, est la femme d’Urie, le Héthien, un de
ses plus braves et plus fidèles officiers. Nul ne pouvait prévoir les
conséquences du péché dans lequel le roi était tombé. La loi de Dieu
prononçait la peine de mort contre l’adultère. D’autre part, le fier
soldat pouvait tenter de se venger en portant atteinte aux jours du
roi ou en provoquant contre lui un soulèvement populaire.
Satan, qui a réussi à causer la perte de Saül, se voit sur le point
de consommer celle de David. Tous les efforts du roi pour cacher sa
faute restent sans succès. Tombé entre les griffes de l’ennemi, il se
[697]
voit entouré de dangers et en face d’un déshonneur plus amer que
la mort. Il n’aperçoit qu’un moyen d’échapper au sort qui l’attend,
et, dans son affolement, il se décide à franchir le pas qui sépare
l’adultère de l’homicide. Si Urie est tué par l’ennemi au cours d’un
combat, sa mort ne lui sera pas imputée. Tous les soupçons seront
écartés, et rien ne l’empêchera d’épouser Bath-Séba. Ainsi l’honneur
de sa couronne sera sauf.
Urie lui-même est choisi comme porteur de son arrêt de mort.
Par lui, le roi envoie une lettre à Joab, où il lui dit : “Placez Urie
au plus fort de la mêlée, puis retirez-vous loin de lui afin qu’il soit
frappé et qu’il meure
” Coupable lui-même d’un lâche assassinat,
* .
Voir
2 Samuel 11 et 12