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Patriarches et Prophètes
peut changer ses relations avec le Seigneur, soit en remplissant les
conditions auxquelles la faveur d’en haut peut lui être accordée,
soit en se plaçant, de propos délibéré, en dehors de ces conditions.
La désobéissance de Saül modifia ses rapports avec Dieu ; mais les
conditions de la faveur divine n’avaient pas changé. Les exigences du
Très-Haut restaient les mêmes ; car “en lui il n’y a aucune variation
ni aucune ombre de changement
.
Le lendemain matin, le cœur oppressé, le prophète se mit en route
pour se rendre auprès d’un roi égaré, tout en nourrissant l’espoir
que celui-ci reconnaîtrait son péché et pourrait ainsi rentrer dans la
faveur de Dieu. Hélas ! quand on y a fait les premiers pas, le sentier
du péché devient glissant. Saül vint à la rencontre du prophète un
mensonge sur les lèvres. “Sois béni de l’Éternel ! s’écria-t-il ; j’ai
exécuté l’ordre de l’Éternel.”
Le roi était démenti par ce qu’entendait le prophète. Celui-ci lui
demande à brûle-pourpoint : “Quel est donc ce bêlement de brebis
qui frappe mes oreilles, et ce mugissement de bœufs que j’entends ?”
Saül répondit : “Le peuple les a amenés de chez les Amalécites ; car
le peuple a épargné ce qu’il y avait de meilleur en fait de brebis et de
bœufs, pour les sacrifier à l’Éternel, ton Dieu ; le reste, nous l’avons
voué à l’interdit.” Le peuple n’avait fait que suivre les ordres du roi,
qui, pour se disculper, rejetait sur son armée la responsabilité de sa
désobéissance.
L’importance du message qu’il avait à communiquer à Saül
torturait le cœur de Samuel, d’autant plus qu’il devait s’acquitter
de cette pénible tâche en présence de toute l’armée, et au moment
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où, ivre d’orgueil et de joie après son triomphe, elle attribuait sa
victoire à la valeur et à l’habileté de son roi. Mais quand le prophète
vit les preuves de la révolte de celui auquel Dieu avait fait tant de
faveurs et qui maintenant égarait son peuple, son chagrin fit place
à l’indignation. Sans se laisser éblouir par les explications du roi,
il lui dit d’une voix mêlée de stupéfaction et de douleur : “Je vais
t’apprendre ce que l’Éternel m’a dit cette nuit : Lorsque tu étais petit
à tes propres yeux, n’es-tu pas devenu le chef des tribus d’Israël, et
l’Éternel ne t’a-t-il pas oint roi d’Israël ?” Puis, il lui répète l’ordre de
Dieu relatif à Amalek, et lui demande la raison de sa désobéissance.
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Jacques 1 :17