Page 587 - Patriarches et Proph

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Saül rejeté par Dieu
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Saül persiste à se justifier : “J’ai pourtant obéi à la voix de l’Éter-
nel ! Je suis parti pour accomplir la mission que l’Éternel m’avait
confiée. J’ai amené Agag, roi d’Amalek, et j’ai voué à l’interdit
les Amalécites. Mais le peuple a choisi, au milieu du butin, pour
prémices de l’interdit, des brebis et des bœufs, afin de les sacrifier à
l’Éternel, ton Dieu, à Guilgal.”
Les austères et solennelles paroles du prophète balayent cet
échafaudage de mensonges : “L’Éternel, dit-il, prend-il autant de
plaisir aux holocaustes et aux sacrifices qu’à l’obéissance due à sa
voix ? Or, l’obéissance vaut mieux que le sacrifice ; la soumission
vaut mieux que la graisse des béliers ; la rébellion est aussi coupable
que la magie ; la résistance est semblable au crime de l’idolâtrie.
Puisque tu as rejeté la parole de l’Éternel, il te rejette aussi et te
dépouille de la royauté.”
A l’ouïe de ces terribles paroles, le roi s’écrie : “J’ai péché, j’ai
transgressé l’ordre de l’Éternel et tes instructions. Je craignais le
peuple, et j’ai cédé à sa voix.” Tout en continuant de rejeter la faute
sur le peuple, comme s’il n’avait lui-même péché que par crainte des
hommes, Saül, terrifié, avoue maintenant les torts qu’il vient de nier
effrontément. Ce n’est donc pas le regret d’avoir désobéi qui dicte
au roi cette supplication : “Maintenant, je te prie, pardonne mon
péché, reviens avec moi, et je me prosternerai devant l’Éternel.” Si
Saül avait été animé d’un vrai repentir, il aurait fait une confession
publique de son péché. Mais son principal souci est de conserver
son autorité, son trône, ainsi que l’attachement de son peuple. Pour
affermir son ascendant sur ce dernier, il veut que Samuel l’honore
de sa présence.
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“Je ne retournerai point avec toi, lui répond le prophète ; car tu
as rejeté la parole de l’Éternel, et l’Éternel t’a rejeté, afin que tu ne
sois plus roi sur Israël.” “Au moment où Samuel tournait le dos pour
s’en aller”, Saül, pris de frayeur, et voulant le retenir, “saisit le pan
de son manteau, qui se déchira” et lui resta entre les mains. “Samuel
lui dit : C’est ainsi que l’Éternel t’arrache aujourd’hui la royauté
d’Israël, pour la donner à ton prochain, qui est plus digne que toi.”
Le vif remords de Saül n’a pas pour cause le déplaisir de Dieu ;
il redoute de voir Samuel rompre ses relations avec lui, car il sait
que la confiance du peuple est acquise au prophète. Il craint que
si celui-ci l’abandonne, le peuple ne se soulève contre lui, et qu’il