La prise de Jéricho
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désigne pas directement l’auteur de l’interdit. Il laisse la chose incer-
taine pendant quelque temps, afin d’amener le peuple à s’humilier
et à se sentir responsable des péchés existant dans son sein.
“Josué se leva donc de bon matin, fit approcher Israël par tribus”,
et une scène émouvante eut lieu alors. On jeta d’abord le sort sur les
tribus, puis sur les clans, puis sur les familles. A chaque tour, le sort,
inexorable, s’approchait plus près de sa victime. Enfin, Acan, fils de
Carmi, de la tribu de Juda, fut désigné par Dieu comme l’homme
qui avait troublé Israël. Pour établir sa culpabilité sans conteste,
comme pour éviter toute possibilité d’une condamnation injuste,
Josué adjura Acan d’avouer sa faute. Le malheureux fit une entière
confession de son péché. “Oui, c’est moi, dit-il, qui ai péché contre
l’Éternel, le Dieu d’Israël ; et voici ce que j’ai fait. J’ai vu dans le
butin un beau manteau de Sinéar, deux cents sicles d’argent, et un
lingot d’or du poids de cinquante sicles ; je les ai convoités, et je
les ai pris : vous les trouverez cachés dans la terre, au milieu de ma
tente, et l’argent est dessous.” Des messagers furent immédiatement
envoyés à sa tente et creusèrent le sol à l’endroit indiqué. “Ils virent
que les objets étaient cachés dans la tente, et l’argent était dessous.
Ils les prirent au milieu de la tente ; ils les apportèrent à Josué et à
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tous les enfants d’Israël, et les déposèrent devant l’Éternel.”
La sentence, divinement révélée, fut prononcée et immédiate-
ment exécutée. Josué dit à Acan : “Pourquoi nous as-tu troublés ?
L’Éternel te troublera aujourd’hui.” Comme le peuple avait été tenu
responsable du péché d’Acan et en avait subi les conséquences, il
dut participer, par ses représentants, à la punition du coupable. “Tous
les Israélites l’assommèrent à coups de pierres.” Sur son cadavre, on
éleva un grand monceau de pierres en souvenir de son péché et de
son châtiment. “C’est pourquoi on a nommé jusqu’à aujourd’hui ce
lieu : la vallée d’Acor”, qui signifie : vallée du trouble. Dans le livre
des Chroniques, la mémoire d’Acan est conservée en ces termes :
“Acar [sic], qui troubla Israël, lorsqu’il commit une prévarication,
au sujet de l’interdit
”
Acan avait défié les avertissements les plus précis et les plus
solennels. “Gardez-vous de ce que vous aurez voué à l’interdit,
avait dit la proclamation au peuple ; car si, après avoir prononcé
* .
1 Chroniques 2 :7