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Patriarches et Prophètes
faire une haute opinion de sa valeur militaire. Josué lui-même avait
proposé la conquête d’Aï sans consulter l’Éternel.
Comptant donc sur une victoire facile, on jugea qu’une troupe
de trois mille hommes suffirait pour s’emparer de la place. Sans
s’assurer que Dieu serait avec eux, ils partirent pleins d’ardeur et
s’avancèrent vers la porte de la ville. Mais ils y rencontrèrent une
résistance si énergique, des adversaires si nombreux et si bien armés,
qu’ils prirent la fuite en désordre. “Les gens d’Aï ... les poursuivirent
depuis la porte de la ville jusqu’à Sébarim, et les battirent à la
descente.” Quoique la perte fût minime — il n’y eut que trente-six
hommes tués — cette défaite découragea Israël. “Le cœur du peuple
se fondit et devint comme de l’eau.”
C’était la première fois que les Hébreux livraient bataille aux
Cananéens, et les défenseurs de cette petite ville avaient suffi pour
les faire battre en retraite ! Que devaient-ils donc augurer du résultat
des grands engagements qui les attendaient ? Angoissé, plein d’ap-
préhension, Josué envisagea ce contre-temps comme un signe du
déplaisir de Dieu. “Il déchira ses vêtements et tomba le visage contre
terre, devant l’arche de l’Éternel, jusqu’au soir, lui et les anciens
d’Israël avec lui, et ils jetèrent de la poussière sur leur tête.” “Ah !
Seigneur Éternel, s’écria-t-il, pourquoi as-tu fait passer le Jourdain
à ce peuple pour nous livrer entre les mains de l’Amoréen et nous
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faire périr ? ... Seigneur, que dirai-je, après qu’Israël a tourné le dos
devant ses ennemis ? Les Cananéens et tous les habitants du pays
l’apprendront ; ils nous envelopperont, ils retrancheront notre nom
de la terre ; et que feras-tu pour ton grand nom?”
Dieu lui répondit : “Lève-toi ! Pourquoi es-tu ainsi prosterné
contre terre ? Les enfants d’Israël ont péché ; ils ont transgressé l’al-
liance que je leur avais prescrite.” L’heure était à l’action prompte
et énergique, et non au désespoir et aux lamentations. La congréga-
tion abritait quelque péché secret. Avant de retrouver la présence et
la bénédiction de Dieu, il fallait le démasquer et le bannir. “Je ne
serai plus désormais avec vous, ajouta l’Éternel, si vous n’ôtez pas
l’interdit du milieu de vous.”
Un des hommes chargés d’exécuter les ordres de Dieu les avait
violés, et tout le peuple avait été tenu responsable de son péché. “Ils
ont pris de l’interdit, ils en ont même dérobé ; ils l’ont dissimulé.”
Pour découvrir le coupable, Josué doit recourir au sort. Dieu ne lui