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Patriarches et Prophètes
tirer vengeance de l’affront qui lui avait été fait. Il ne devait songer
à s’annexer aucun territoire de l’Idumée. Bien qu’étant le peuple
choisi et favorisé de Dieu, il ne fallait pas qu’il se considère comme
ayant seul droit à l’héritage de la terre, ni qu’il cherche à en exclure
toutes les autres nations. Dans leurs rapports avec les Édomites, il
devait se contenter d’acheter d’eux les vivres dont il aurait besoin,
et les payer comptant. Pour l’y encourager, Dieu avait ajouté : “En
effet, l’Éternel, ton Dieu, t’a béni ; ... tu n’as manqué de rien
” Israël
ayant un Dieu riche en ressources, il devait éviter de rien obtenir
par la force ou par la fraude et se conformer en toutes choses au
principe de la loi divine qui dit : “Tu aimeras ton prochain comme
toi-même.”
S’ils avaient traversé l’Idumée comme Dieu l’entendait, leur
contact avec les habitants du pays n’aurait eu que de bons résultats.
Les Édomites auraient profité de l’occasion pour faire connaissance
avec le peuple de Dieu et avec son culte. Ils auraient appris comment
le Dieu de Jacob bénit ceux qui l’aiment et le servent. L’incrédulité
d’Israël avait empêché tout cela. En réponse aux clameurs du peuple,
Dieu lui donna de l’eau, mais sans annuler les conséquences de son
manque de foi. Il lui fallut retraverser le désert et se désaltérer de
nouveau à la source miraculeuse dont ils n’auraient plus eu besoin
s’ils s’étaient confiés en Dieu.
Les colonnes d’Israël se tournèrent donc une fois de plus vers le
sud et s’engagèrent dans des régions arides qui leur parurent encore
plus dénudées après avoir vu les verdoyantes vallées d’Édom. Ce
triste désert est bordé par une chaîne de montagnes parmi lesquelles
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s’élève le mont Hor, où Aaron devait mourir et être enseveli.
Quand les Israélites arrivèrent à cette montagne, Dieu dit à
Moïse : “Prends Aaron et Éléazar, son fils. C’est là qu’Aaron sera
recueilli, et il mourra là
” Les deux vieillards, accompagnés d’Éléa-
zar, firent ensemble l’ascension de la montagne. Cent vingt hivers
avaient blanchi leurs têtes. Au cours de leur longue et mémorable
existence, ils avaient connu à la fois les plus cuisantes épreuves et
les plus grands honneurs qui aient jamais été le partage de l’homme.
Dans la communion avec Dieu, leurs talents naturels, très grands, et
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Deutéronome 2 :7
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Nombres 20 :22-28