Israël au désert
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plaindre et à fomenter la discorde ; aussi le camp était-il moralement
contaminé par leurs pratiques idolâtres et leurs murmures.
Peu après le retour au désert, se produisit un cas de profanation
du sabbat dans des circonstances revêtant une gravité particulière.
C’était encore le résultat de l’irritation causée par la sentence qui
prorogeait l’entrée en Canaan. Un homme, que cette décision avait
outré et qui était résolu à défier la loi de Dieu, se mit à ramasser
du bois le jour du sabbat. Durant le séjour au désert, il avait été
strictement défendu de faire du feu ce jour-là. Cette interdiction
ne devait pas s’appliquer à la Palestine, où la sévérité du climat
en hiver rendait le chauffage des habitations indispensable, ce qui
n’était pas le cas au désert. Cette violation flagrante du quatrième
commandement n’était donc pas un péché d’oubli ou d’ignorance,
mais bien un acte provocateur et prémédité.
Pris sur le fait, l’homme fut amené devant Moïse. Il avait déjà été
annoncé que la violation du sabbat était passible de mort, mais Dieu
n’avait pas révélé comment cette peine devait être infligée. Moïse
porta donc ce cas devant l’Éternel, qui répondit : “Cet homme sera
puni de mort ; que toute l’assemblée le lapide hors du camp
” Le
blasphème et la violation volontaire du sabbat étaient donc soumis à
la même pénalité, comme révélant un même mépris pour l’autorité
divine.
Bien des personnes rejettent aujourd’hui comme une institution
juive le jour de repos institué à la création, alléguant que s’il était
obligatoire à notre époque, il faudrait encore en frapper la profana-
tion de la peine de mort. On vient de voir que, chez les Hébreux, le
blasphème entraînait le même châtiment. Faut-il en conclure que
le troisième commandement, qui interdit ce péché, ne regarde que
les Juifs ? L’argument tiré de l’application de la peine capitale à
propos du quatrième commandement s’applique tout aussi bien au
troisième, au cinquième et à presque tous les dix préceptes du Déca-
logue. Si Dieu ne frappe pas, actuellement, de peines temporelles
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la transgression de sa loi, sa Parole n’en déclare pas moins que “le
salaire du péché, c’est la mort”. Ceux qui en violent sciemment les
préceptes sacrés s’en apercevront au jour des rétributions finales.
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Nombres 15 :35