Page 342 - Patriarches et Proph

Basic HTML Version

338
Patriarches et Prophètes
de l’Éternel et des anges, était trop sacré pour qu’ils le quittent sans
tristesse.
Au son des trompettes, cependant, tout le camp s’ébranla, l’arche
en tête, puis les tribus, chacune derrière son étendard. Tous les yeux
se portaient avec intérêt sur la nuée pour voir quelle direction elle
prendrait. Quand on s’aperçut qu’au lieu de se diriger vers le nord
elle s’éloignait dans la direction de l’est, où l’on n’apercevait que
des masses rocheuses sombres et désolées s’entassant les unes sur
les autres, un sentiment de mélancolie envahit bien des cœurs.
A mesure qu’on avançait, la route devenait plus difficile. Tour à
tour, on descendait une déclivité rocailleuse, ou l’on traversait une
plaine stérile. A l’entour, c’était le grand désert, “une terre aride et
pleine de fondrières, une terre où règnent la sécheresse et l’ombre
de la mort ; terre où aucun homme ne passe et où personne n’ha-
bite
. Aussi loin que se portaient les regards, les gorges rocheuses
du massif étaient envahies d’hommes, de femmes et d’enfants, ac-
compagnés de chariots et de longues colonnes de gros et de menu
bétail. La marche était nécessairement lente et laborieuse pour un
peuple mal préparé, après une si longue pause, aux périls et aux
désagréments du voyage.
Après trois jours de marche, des plaintes véhémentes se firent
entendre. Elles provenaient de l’élément égyptien dont la majeure
partie ne s’était pas encore ralliée à Israël. Ne cherchant qu’une oc-
casion de manifester leur mécontentement, ces gens critiquaient sans
cesse la manière dont Moïse dirigeait la multitude. Chacun savait
que Moïse ne faisait que suivre la nuée conductrice. Néanmoins,
on le blâmait d’avoir pris cette route, et, comme le murmure est
[355]
contagieux, il se propagea bientôt à travers tout le camp.
Le peuple recommença à demander de la viande. Il ne se conten-
tait plus de la manne qui tombait avec abondance. Durant la servitude
d’Égypte, les Hébreux avaient dû se contenter d’aliments grossiers
que les travaux et les privations rendaient acceptables, tandis que bon
nombre des Égyptiens qui les accompagnaient avaient été habitués
à une nourriture délicate. Ils furent les premiers à se plaindre en se
rappelant qu’avant leur arrivée au Sinaï, en réponse à leurs cris, Dieu
leur avait donné de la viande, mais pour un jour seulement.
* .
Jérémie 2 :6