Du Sinaï à Kadès
339
Le Seigneur pouvait procurer aux Israélites de la viande tout
aussi bien que de la manne. C’était dans leur intérêt qu’il leur donnait
un aliment plus conforme à leurs besoins que le régime échauffant
auquel ils avaient été accoutumés en Égypte. En les privant en grande
mesure de nourriture animale, il corrigeait leur appétit et les préparait
à apprécier le régime donné à Adam et Ève dans le jardin d’Éden :
les fruits de la terre.
Mais Satan les incitait à considérer cette restriction comme in-
juste et cruelle. Certain que la satisfaction illimitée de l’appétit les
entraînerait dans la sensualité et les placerait plus facilement sous
son pouvoir, il leur inspirait le désir de choses défendues. L’auteur
de la maladie et de la souffrance prend les hommes par leurs cô-
tés faibles. Depuis le jour où il avait amené Ève à manger du fruit
défendu, c’était surtout par la gourmandise qu’il avait entraîné les
hommes dans le péché. L’intempérance dans le manger et le boire,
non seulement prive l’homme de sa force de résistance en présence
de la tentation, mais le prédispose à s’affranchir des obligations
morales.
Dieu avait libéré les Israélites de l’esclavage pour en faire un
peuple saint, pur, heureux. Dans ce but, qui renfermait aussi le bon-
heur de leur postérité, il imposait une discipline indispensable. S’ils
avaient consenti à corriger leur appétit dépravé, ils n’auraient pas
connu la souffrance et la maladie. Leurs descendants auraient hérité
d’une réelle vigueur physique et morale, d’une claire intelligence de
la vérité et du devoir, d’un jugement sain, d’une sagacité surprenante.
Mais, en refusant de s’imposer ces restrictions, ils se privaient de la
pleine réalisation de ces bienfaits.
[356]
Le Psalmiste y fait allusion en ces termes :
Ils tentèrent Dieu dans leur cœur,
En lui demandant une nourriture conforme à leur désir.
Ils parlèrent contre Dieu,
Et ils dirent : Dieu pourrait-il
Dresser une table dans le désert ?
Voici qu’il a frappé le rocher et les eaux ont coulé,
Et des torrents se sont répandus.
Mais pourra-t-il donner du pain,
Procurer de la viande à son peuple ?