L’idolâtrie au Sinaï
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la montagne et contemplé la gloire incomparable de l’Éternel avait
assimilé cette gloire à l’image d’un veau ! En un mot, c’était celui à
qui Dieu avait confié, en l’absence de Moïse, le gouvernement de
son peuple, qui sanctionna son apostasie !
S’il avait eu le courage de défendre les droits divins sans égards
aux conséquences, il aurait empêché cette apostasie. En restant in-
ébranlablement fidèle ; en rappelant au peuple les foudres du Sinaï,
son alliance avec Dieu et sa promesse de garder sa loi, le mal aurait
été conjuré. Mais la facilité qu’Aaron avait apportée à accéder aux
désirs du peuple, la calme assurance avec laquelle il s’était soumis
à ses volontés avaient encouragé la foule à aller plus loin dans le
péché qu’elle ne se l’était proposé. Aussi Dieu était-il “tellement
irrité contre Aaron, qu’il voulait le faire périr
. Ce ne fut que grâce
à la fervente intercession de Moïse que sa vie fut épargnée ; il ne
rentra dans la faveur de Dieu qu’après s’être repenti et humilié.
Les regards courroucés de Moïse en rentrant au camp, ses pa-
roles sévères et l’indignation qu’il manifesta en brisant les tables de
la loi formaient un contraste frappant avec les paroles doucereuses
et la débonnaireté indulgente de son frère. Aussi la sympathie du
peuple était-elle acquise à Aaron, dont on admirait l’aménité et la
tolérance, et à qui on pardonnait volontiers d’avoir jeté sur la foule
la responsabilité de sa faiblesse. Son caractère faible et complaisant
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l’avait aveuglé sur l’énormité du péché qu’il sanctionnait. Sa compli-
cité à cette occasion coûta la vie à des milliers de personnes. Quelle
différence entre sa conduite et celle de Moïse qui, tout en défendant
courageusement les droits de Dieu, montrait que le bonheur d’Israël
lui tenait plus à cœur que sa prospérité personnelle, son honneur ou
sa vie !
De tous les péchés que le Seigneur punira un jour, il n’en est
pas de plus grave à ses yeux que celui qui consiste à encourager le
mal chez son prochain. Dieu aime à voir ses serviteurs lui prouver
leur loyauté en censurant le mal courageusement et quoiqu’il leur
en coûte. Ceux qui ont une mission divine à remplir ne doivent
se permettre aucune servilité lâche et complaisante. Sans jamais
rechercher les honneurs ni reculer devant les devoirs désagréables,
qu’ils accomplissent l’œuvre du Seigneur avec une inflexible fidélité.
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Deutéronome 9 :20