284
Patriarches et Prophètes
Quoique Dieu ne détruisît pas Israël, en réponse aux prières
de Moïse, l’apostasie du peuple devait être punie d’une façon
exemplaire. Si l’esprit d’insubordination et de dérèglement dans
lequel Aaron avait laissé glisser le peuple n’avait été immédiatement
étouffé, il aurait dégénéré en anarchie et l’aurait entraîné dans une
ruine irrémédiable. Le mal devait être réprimé avec une sévérité
impitoyable.
“Moïse vit que le peuple n’avait plus aucun frein ; car Aaron
l’avait laissé sans frein, l’exposant ainsi à devenir la risée de ses
ennemis. Alors Moïse se plaça à la porte du camp, et dit : A moi,
tous ceux qui sont pour l’Éternel !” Ceux qui n’avaient point pactisé
avec l’apostasie devaient se placer à la droite de Moïse ; ceux qui
étaient coupables, mais repentants, à sa gauche. Le peuple obéit, et
il se trouva que la tribu de Lévi n’avait pris aucune part au culte ido-
lâtre. Un grand nombre de gens des autres tribus, qui avaient péché,
manifestèrent leur repentir. En revanche, une foule d’autres, qui ap-
partenaient surtout à l’élément étranger et qui avaient pris l’initiative
du veau d’or, persistèrent obstinément dans leur résistance.
Alors Moïse ordonna à ceux qui étaient à sa droite et n’étaient
pas coupables d’idolâtrie de prendre leur épée et de mettre à mort
tous ceux qui s’acharnaient dans leur entêtement. “Et il périt ce
jour-là, dans le peuple, environ trois mille hommes.” Sans égards à
[297]
leur position, à leur parenté ou à leurs relations, les instigateurs de
l’impiété furent abattus. Ceux qui se convertirent et s’humilièrent
furent épargnés.
Les hommes qui accomplirent cette terrible exécution agissaient
en vertu d’un ordre divin et ne faisaient qu’appliquer la sentence du
Roi d’Israël. Entouré de faiblesse et d’ignorance, l’homme doit y
regarder à deux fois avant de condamner son semblable. Mais quand
Dieu lui ordonne de prendre des sanctions contre l’iniquité, il faut
qu’il obéisse. Les hommes qui s’acquittèrent de cette douloureuse
besogne montrèrent l’horreur que leur inspiraient la révolte et l’ido-
lâtrie et se consacrèrent plus entièrement au service du vrai Dieu.
Pour honorer leur fidélité, le Seigneur allait conférer une distinction
spéciale à la tribu de Lévi.
Israël s’était rendu coupable de trahison envers un Roi auquel il
avait volontairement promis d’être soumis. Pour maintenir le gouver-
nement divin, il avait fallu châtier les traîtres. Mais ici encore, sans