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Patriarches et Prophètes
d’Égypte. Les provisions commençaient à manquer, l’herbe se fai-
sait rare, et les troupeaux diminuaient. Comment allait-on donner
à manger à cette vaste multitude ? A nouveau, le doute surgit dans
les cœurs et les murmures recommencèrent. Les commissaires et
les anciens eux-mêmes joignirent leurs plaintes à celles du peuple
contre les chefs que Dieu leur avait donnés : “Ah ! disait-on, que ne
sommes-nous morts de la main de l’Éternel, dans le pays d’Égypte,
quand nous étions assis devant les potées de viande et que nous
mangions du pain à satiété ! Vous nous avez amenés dans ce désert
pour faire mourir de faim toute cette multitude
”
Ils n’avaient pas encore souffert de la faim; il y avait de quoi
suffire aux besoins du moment présent ; mais ils craignaient pour
l’avenir. Ne comprenant pas comment cette foule immense allait
pouvoir subsister durant son voyage à travers le désert, ils voyaient
déjà, en imagination, leurs enfants mourant d’inanition. Ils ne com-
prenaient pas que Dieu permettait l’épuisement de leurs provisions
pour leur donner l’occasion de s’attendre à celui qui les avait déli-
vrés jusque-là, et qui était prêt à leur donner, s’ils s’adressaient à
lui, des preuves nouvelles de son amour et de sa sollicitude. Ne leur
avait-il pas promis que s’ils gardaient ses commandements aucune
maladie ne les atteindrait ? Aussi était-ce, de leur part, le fait d’une
incrédulité coupable de supposer qu’eux ou leurs enfants pussent
être victimes de la faim.
L’Éternel leur avait promis d’être leur Dieu et de les conduire
dans un pays spacieux et fertile. Il les avait arrachés à la servitude et
à la dégradation d’une façon miraculeuse, afin de les éduquer et de
les élever à une grandeur morale qui fît d’eux une merveille parmi
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les nations. Il allait aussi leur confier un mandat précieux. Mais à
chaque obstacle qu’ils rencontraient sur leur route, ils semblaient
perdre courage. S’ils avaient eu foi en Dieu, en se souvenant de tout
ce qu’il avait fait pour eux, c’est avec joie qu’ils auraient enduré des
ennuis, des privations et même de réelles souffrances. Mais ne se
confiant en Dieu qu’autant qu’ils avaient sous les yeux les signes
visibles de sa puissance, ils oubliaient la longue suite de miracles
éclatants auxquels ils avaient assisté, pour ne voir et ne sentir que les
désagréments de l’heure présente. Au lieu de se dire : “Dieu a fait
* .
Exode 16 :3