Page 248 - Patriarches et Proph

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Patriarches et Prophètes
pompe, on rachèterait l’honneur du pays, honneur qui avait souffert
aux yeux des nations voisines.
Les Hébreux avaient campé au bord d’un bras de mer qui sem-
blait leur opposer une barrière infranchissable, tandis que, vers le
sud, une montagne aux flancs escarpés leur barrait le passage. Tout
à coup, on vit briller dans le lointain les armures et avancer en rangs
serrés les chariots d’avant-garde d’une armée qui, approchant à une
allure accélérée, ne tarda pas à paraître au grand complet. L’épou-
vante gagna tout le camp d’Israël. Les uns se mirent à crier à l’Éter-
nel, tandis que le plus grand nombre se répandait en lamentations et
en plaintes contre Moïse. “N’y avait-il donc pas des tombeaux en
Égypte, que tu nous aies emmenés pour mourir au désert ? Que nous
as-tu fait, quand tu nous as fait sortir d’Égypte ? Ne te disions-nous
pas en Égypte : Laisse-nous servir les Égyptiens ; car il vaut mieux
pour nous servir les Égyptiens que de mourir dans le désert
..”
Navré de voir son peuple manifester si peu de foi en un Dieu qui
leur avait donné tant de preuves de sa puissance, Moïse se demandait
comment on pouvait lui imputer le danger de la situation actuelle,
alors qu’il n’avait fait que suivre ponctuellement les directions di-
vines. Quant à lui, malgré une perspective qui semblait désespérée,
il n’avait aucune crainte sur l’issue de la crise. D’un ton calme et
assuré, il répondit au peuple : “N’ayez point de crainte ! Demeurez
tranquilles et contemplez la délivrance que l’Éternel va vous accor-
der en ce jour ; car les Égyptiens que vous avez vu aujourd’hui, vous
ne les verrez jamais plus. L’Éternel combattra pour vous ; et vous,
vous n’aurez qu’à rester tranquilles.”
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Ce n’était pas chose facile que de contenir une multitude dépour-
vue de discipline et de sang-froid. Elle ne tarda pas, en effet, à se
livrer au désordre et à la violence. Convaincue qu’elle allait sous
peu retomber entre les mains de ses oppresseurs, la foule manifestait
bruyamment son affolement. On avait suivi docilement la colonne de
nuée comme l’étendard d’un Être supérieur, qui disait : “En avant !”
Et maintenant on se demandait si cette même colonne n’était pas
le signe avant-coureur d’une horrible calamité. N’avait-elle pas, en
effet, conduit le peuple dans une impasse et du mauvais côté de la
* .
Exode 14 :10-22