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Patriarches et Prophètes
prendre l’habitude en gardant le troupeau de son beau-père, devaient
le préparer à devenir, en Israël, un pasteur compatissant, un chef
d’une patience à toute épreuve. Ces qualités, aucun des avantages
de l’éducation ou de la culture humaine ne pouvait les remplacer.
Moïse avait d’ailleurs beaucoup de choses à désapprendre. L’af-
fection de sa mère adoptive, la dissipation étalée partout au grand
jour, les raffinements, les roueries et le mysticisme d’une fausse
religion, les splendeurs d’un culte idolâtre, les œuvres imposantes
de l’architecture et de la sculpture, tout cela s’était profondément
incrusté dans son cœur et dans sa jeune imagination, et avait en
quelque sorte formé ses habitudes et pétri son caractère. Le temps,
un changement d’entourage et la communion avec Dieu pouvaient
seuls effacer ces impressions. Pour arriver à échanger l’erreur contre
la vérité, Moïse devra soutenir des luttes très douloureuses. Mais
Dieu sera son secours, et il le soutiendra quand le combat sera trop
rude pour ses faibles forces.
Tous ceux que Dieu a choisis pour accomplir une grande œuvre
sur la terre ont eu leurs moments de faiblesse. Mais ce n’étaient pas
des hommes aux habitudes cristallisées et obstinés à s’y cramponner.
Au contraire, ils désiraient avec ardeur être instruits par Dieu sur
la manière de travailler pour lui. Nous lisons dans l’Écriture que si
quelqu’un “manque de sagesse”, il lui suffit de la “demander à Dieu
qui donne à tous libéralement, sans rien reprocher ; et elle lui sera
donnée
. Mais le Seigneur ne dispense pas sa lumière aux hommes
qui se plaisent dans les ténèbres. Celui qui veut recevoir le secours
d’en-haut doit être conscient de sa faiblesse et de ses imperfections. Il
faut qu’il se prépare aux grands changements qui doivent s’opérer en
lui et se livre avec ardeur et persévérance au travail et à la prière. La
victoire ne s’obtient que par une volonté résolue de se corriger de ses
mauvaises habitudes. Que d’hommes n’arrivent jamais à la position
qu’ils pourraient atteindre dans l’œuvre de Dieu pour la raison qu’ils
attendent du ciel ce qu’il leur a donné la force d’accomplir eux-
mêmes. Tous ceux qui désirent se préparer à remplir une carrière
féconde doivent consentir à passer par une sévère discipline mentale
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et morale, assurés de rencontrer une force divine prête à seconder
leurs efforts.
* .
Jacques 1 :5