Moïse
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Derrière un rempart de montagnes, Moïse était seul avec Dieu.
Les yeux et l’esprit délivrés du spectacle éblouissant des temples
égyptiens, comme de l’erreur et des superstitions de leurs cultes, il
pouvait contempler en paix la solennelle majesté des collines éter-
nelles, la grandeur de Dieu et, par contraste, le néant de l’idolâtrie.
Il lisait partout le nom du Créateur ; partout il se sentait enveloppé
de sa présence et couvert de sa protection. Peu à peu, dans l’austère
simplicité de la vie du désert, sa suffisance, son orgueil, l’amour
du faste et du confort disparurent. Il devint patient, brave, modéré.
Enraciné dans sa foi au Puissant de Jacob, il finit par devenir “un
homme fort doux, plus qu’aucun homme qui fût sur la terre
.
Cependant, au cours de sa vie errante à travers de vastes solitudes,
tout en paissant ses troupeaux, ce prince devenu berger songeait à
l’oppression qui accablait son peuple. Son esprit se reportait sur les
voies de Dieu envers ses pères et sur les promesses qui leur avaient
été laissées comme héritage. Nuit et jour, ses pensées montaient
vers le ciel. Les anges de Dieu l’éclairaient de célestes lumières. Ce
furent des années riches en bénédictions, celles qu’il passa dans ces
solitudes désertiques, riches non seulement pour lui-même et pour
son peuple, mais aussi pour les générations à venir dans le monde
entier.
Les années s’écoulaient. “Il arriva, longtemps après, que le roi
d’Égypte mourut. Alors les enfants d’Israël, qui gémissaient dans
la servitude, poussèrent des cris de détresse, et ces cris, que leur
arrachait la servitude, montèrent jusqu’à Dieu, qui entendit leurs
gémissements et se souvint de son alliance avec Abraham, avec
Isaac et avec Jacob. Dieu tourna ses regards vers les enfants d’Israël,
et il connut leur détresse
”
Le temps de la délivrance était enfin arrivé. Les desseins de
Dieu allaient s’accomplir, et l’orgueil des hommes sombrer dans le
mépris. Le libérateur était sur le point de paraître en la personne
d’un humble berger, avec, pour toute arme, une verge à la main ;
mais, de cette verge, Dieu ferait le symbole de sa puissance. Un jour
qu’il conduisait ses troupeaux près d’Horeb, “la montagne de Dieu”,
Moïse aperçut un phénomène étrange : c’était un buisson enflammé
* .
Nombres 12 :3
* .
Exode 2 :23-25