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Patriarches et Prophètes
de sa mémoire, les enseignements de sa mère le préservèrent de
l’orgueil, de l’incrédulité et du vice qui s’étalaient au milieu des
splendeurs d’une cour dissipée. Quelle influence admirable que celle
de cette femme, de cette exilée, de cette esclave ! Toute la vie de
Moïse, la grande mission qu’il remplit à la tête du peuple d’Israël
seront le résultat de l’œuvre d’une mère pieuse. Il n’est rien qui
égale cette mission. La mère tient pour une large part entre ses
mains les destinées de ses enfants. Elle forme des esprits ; elle forge
des caractères. Elle travaille non seulement pour le temps, mais pour
l’éternité. Elle dépose dans les cœurs une semence qui germera et
portera du fruit, soit pour le bien, soit pour le mal.
Son œuvre ne consiste pas à jeter sur la toile quelque belle et
pure image, ni à l’incruster dans le marbre : elle grave sur l’âme
humaine l’image de la Divinité. C’est surtout durant les premières
années de ses petits que pèse sur elle la responsabilité de former leur
caractère. Les impressions faites à cet âge sur leur esprit malléable y
resteront toute la vie. De là l’importance de donner aux enfants, dès
l’âge le plus tendre, une éducation et une formation ayant pour but
d’en faire des croyants. Car ils nous sont confiés pour être formés
non pas en vue d’occuper un trône terrestre, mais en vue d’un trône
céleste qui subsistera à travers tous les âges.
Chaque mère de famille doit se dire que tous ses instants ont
une valeur incalculable. Son œuvre sera jugée au jour solennel du
règlement des comptes. On verra alors qu’une forte proportion de
fautes et de crimes commis sur la terre sont attribuables à l’ignorance
et à la négligence de celles dont le devoir était de diriger dans la
bonne voie les pas chancelants de l’enfance. On verra également que
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la majorité des hommes qui ont éclairé le monde de l’éclat de leur
génie ou des rayons bienfaisants de la vérité et de la vertu devaient
les mobiles de leurs actes et de leur succès aux efforts et aux prières
d’une mère chrétienne.
A la cour du Pharaon, Moïse reçut une haute culture civile et
militaire. Le monarque ayant résolu de choisir son petit-fils adoptif
comme son héritier, tout fut disposé en vue de le préparer à occuper
cette situation. “Moïse fut instruit dans toute la science des Égyp-
tiens ; il était puissant en paroles et en œuvres
” Par ses capacités
* .
Acts 7 :22