Page 213 - Patriarches et Proph

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Moïse
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pas le surveiller elle-même, de crainte d’exposer la vie de son enfant
et la sienne, elle en chargea Marie, la sœur du bébé, qui se tenait à
distance.
Mais d’autres sentinelles veillaient aussi. Les ferventes prières de
la mère avaient placé son trésor sous la protection divine. Les anges
qui planaient sur cet humble reposoir y dirigèrent la fille du Pharaon
qui se rendait au fleuve pour se baigner. Sa curiosité fut attirée
vers cet objet flottant. Dès qu’elle vit le bel enfant qu’il contenait,
elle comprit toute son histoire. Les larmes du bébé excitèrent sa
compassion. Son cœur fut ému à la pensée de la mère inconnue qui
avait recouru à ce stratagème pour sauver son enfant. Elle résolut de
l’emporter et songea même à l’adopter.
Marie, qui avait, de loin, observé tous les mouvements de la
princesse, voyant que l’enfant était l’objet de sa tendresse, s’avança
timidement, et lui demanda : “Veux-tu que j’aille chercher une nour-
rice parmi les femmes des Hébreux, pour qu’elle t’allaite cet enfant ?”
La permission lui en étant donnée, elle courut porter l’heureuse nou-
velle à sa mère, qui l’accompagna auprès de la fille du roi. “Emporte
cet enfant et allaite-le moi, lui dit celle-ci ; je te donnerai ton salaire.”
Dieu avait entendu les prières de cette pieuse femme, et sa foi
était récompensée. Pleine de gratitude, désormais exempte de danger,
elle se consacra à la douce tâche qui lui était confiée. Convaincue que
son enfant lui avait été conservé en vue de quelque grande mission,
elle ne négligea rien pour l’instruire et le guider dans la voie de la
piété. Poursuivie par la pensée qu’il passerait bientôt de ses mains à
celles de sa royale mère adoptive, où il serait entouré d’influences
dangereuses, elle mit à cette tâche plus de soin et de diligence que
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pour ses autres enfants. Tout en s’efforçant de lui inculquer, avec la
crainte de Dieu, l’amour de la vérité et de la justice, elle demanda
ardemment au Seigneur de le préserver de la corruption qui régnait à
la cour. Elle dévoila à son fils la folie et les souillures de l’idolâtrie, et
lui apprit de bonne heure à invoquer celui qui seul pouvait l’entendre
et le secourir dans le danger.
Jokébed garda l’enfant auprès d’elle le plus longtemps possible ;
lorsqu’il eut atteint l’âge de douze ans, elle dut s’en séparer. Le jeune
Moïse, échangeant son humble cabane pour le palais royal, fut amené
chez la fille du Pharaon, “qui l’adopta pour son fils”. Mais il n’oublia
jamais les impressions reçues dans son enfance. Loin de s’effacer