Page 127 - Patriarches et Proph

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Le sacrifice d’Isaac
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Ce fils chéri, qui a été, de sa part, un don inattendu, n’a-t-il pas le
droit de le lui reprendre ? D’ailleurs, il y a une promesse qui lui
dit : “C’est d’Isaac que naîtra la postérité qui portera ton nom
,
postérité nombreuse comme les grains de sable du rivage. Or Isaac
est l’enfant du miracle. Celui qui lui a donné la vie ne pourrait-il
pas la lui rendre ? Plongeant son regard au-delà des choses visibles,
le patriarche se cramponne à la parole divine et se dit que le Tout-
Puissant “a le pouvoir même de ressusciter un mort
. Lui seul
comprend la grandeur du sacrifice de ce père qui voue son fils à la
mort.
Désirant que personne, sauf l’œil de Dieu, ne soit témoin de
la scène finale, Abraham ordonne aux serviteurs de demeurer en
arrière. “Moi et l’enfant, nous irons jusque-là pour adorer ; puis
nous reviendrons vers vous
” Le bois est placé sur Isaac, la future
victime ; le père se charge du couteau et du feu, et ils s’acheminent
tous deux en silence vers le sommet de la montagne. Le jeune
homme qui, depuis quelque temps, se demande où l’on prendra une
offrande, si loin du troupeau, se décide à parler : “Mon père !... Voici
le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ?” Ces deux
mots : “Mon père !” qui percent le cœur du vieillard, vont-ils le faire
chanceler dans sa résolution ?... Va-t-il se libérer de son secret ?...
Non, pas encore... “Mon fils, répond-il, Dieu se pourvoira lui-même
de l’agneau pour l’holocauste !”
Arrivés au lieu désigné, le père et le fils bâtissent un autel et y
placent le bois. Alors, d’une voix tremblante, l’ami de Dieu révèle à
Isaac le funèbre message. Effaré, terrifié à l’ouïe du sort qui l’attend,
le jeune homme n’offre aucune résistance. Il pourrait s’enfuir s’il le
voulait : le vieillard accablé de douleur, épuisé par la lutte intérieure
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de ces trois journées terribles, ne pourrait s’opposer au vigoureux
jeune homme. Mais Isaac a appris dès son enfance à obéir avec
abandon et confiance ; dès qu’il est au courant du projet divin, il
acquiesce avec une entière soumission. Il se juge honoré d’être
appelé à immoler sa vie à son Créateur. Partageant la foi de son père,
il s’efforce même d’apaiser sa douleur, en venant au secours de ses
mains tremblantes qui essayent de le lier sur l’autel.
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Genèse 21 :12
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Hébreux 11 :19
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Genèse 22 :5-8