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Patriarches et Prophètes
mentaire de la maxime inspirée : “Tu aimeras ton prochain comme
toi-même
” Voici sa réponse : “Je lève ma main vers l’Éternel, le
Dieu Très-Haut, Créateur des cieux et de la terre : je ne prendrai pas
même un fil ou une courroie de chaussure de tout ce qui est à toi.
Tu ne pourras pas dire : C’est moi qui ai enrichi Abram
” Nul ne
devait pouvoir dire que le patriarche avait entrepris cette guerre dans
un but égoïste, ni attribuer sa prospérité aux largesses ou aux faveurs
d’autrui. Dieu avait promis de le bénir et c’est à lui seul que devait
être attribuée la gloire de ses succès.
Un autre personnage encore vint saluer le retour du patriarche
victorieux en lui apportant du pain et du vin pour restaurer son
armée : c’était Melchisédek, roi de Salem, “prêtre du Très-Haut”. Il
bénit Abram, puis il bénit Dieu “qui avait livré ses ennemis entre ses
mains”.
Après lui avoir donné la dîme de tout, Abram, le cœur joyeux,
retourna à ses tentes et à ses troupeaux. Mais de sombres pensées
vinrent bientôt troubler sa quiétude. Homme de paix, il avait soi-
gneusement évité les querelles et les inimitiés ; et voilà qu’il venait
d’être mêlé à une scène de carnage et d’horreur ! Les nations qu’il
avait vaincues ne renouvelleront-elles pas leurs déprédations et ne
feront-elles pas de lui le point de mire de leur vengeance ? Impliqué
désormais dans des querelles politiques, ne sera-ce pas la fin de sa
vie paisible et pastorale ? D’ailleurs, il n’est pas encore en possession
de la terre de Canaan et il n’a plus d’espoir de posséder jamais un
héritier par qui la promesse puisse s’accomplir.
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Dans une vision de la nuit, il entend une voix divine : “Ne crains
point, Abram! Je suis ton bouclier ; ta récompense sera très grande
”
Hanté par de sombres pressentiments, Abram ne peut saisir la pro-
messe avec la même assurance qu’auparavant, et il en demande la
confirmation. En outre, comment cette promesse pourra-t-elle se
réaliser, aussi longtemps que Dieu lui refuse un fils ? “Seigneur,
Éternel, dit-il, que me donneras-tu ? Je m’en vais sans enfants. ...
Tu ne m’as pas donné de postérité, et c’est un homme attaché à ma
maison qui sera mon héritier
” Il se proposait d’adopter Éliézer,
* .
Lévitique 19 :18
* .
Genèse 14 :17-24
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Hébreux 7 :1
* .
Genèse 15 :1-5
* .
Genèse 15 :1-5