Page 111 - Patriarches et Proph

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Abraham en Canaan
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puis s’en allèrent, chargés de dépouilles, emmenant avec eux de
nombreux captifs, parmi lesquels se trouvaient Lot et sa famille.
Abram, qui vit en paix aux chênes de Mamré, apprend d’un
fugitif les nouvelles de la bataille et le malheur qui vient d’atteindre
son neveu. Exempt de rancœur à son sujet, il sent se réveiller toute
son affection pour son parent et prend la résolution de le sauver.
Après avoir cherché conseil dans la prière, il se prépare à la guerre.
De son propre camp, il réunit trois cent dix-huit serviteurs élevés
dans le service de Dieu, formés à son service et exercés dans le
maniement des armes. Ses associés, Mamré, Escol et Aner, joignent
chacun leur troupe à la sienne et ils se mettent à la poursuite des
pillards. Les Élamites et leurs alliés avaient dressé leur camp à Dan,
sur la limite septentrionale du pays. Grisés par leur victoire et ne
redoutant aucun retour offensif de la part des vaincus, ils se livraient
à de joyeuses ripailles. Divisant sa troupe de façon à les surprendre
de divers côtés à la fois, le patriarche fondit sur leur camp à la
faveur de la nuit. Grâce à cet assaut, aussi impétueux qu’inattendu,
la victoire ne fut pas longtemps douteuse. Le roi d’Élam fut tué et
ses troupes mises en déroute. Lot, sa famille, tous les prisonniers
et leurs biens furent délivrés, sans compter de riches dépouilles qui
tombèrent entre les mains des vainqueurs. C’était à Abram, après
Dieu, que revenait le mérite de cette victoire. L’adorateur de Jéhovah
avait non seulement rendu un service au pays, mais il s’était montré
un homme de valeur. On reconnut que la piété n’est pas synonyme de
lâcheté, et que sa religion ne l’empêchait pas d’être courageux dans
la défense du droit et la protection des opprimés. Son geste héroïque
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le fit connaître de toutes les tribus d’alentour. Le roi de Sodome,
accompagné de sa suite, se rendit à la rencontre du patriarche pour
lui présenter ses hommages. Renonçant à récupérer ses biens, il le
pria seulement de lui rendre les prisonniers. De par les lois de la
guerre, le butin revenait au vainqueur. Abram, qui avait entrepris
cette expédition sans aucun but intéressé, refusa de tirer profit du
malheur d’autrui et se contenta d’exiger que ses associés eussent
leur juste part.
Peu d’hommes placés dans de telles circonstances auraient ré-
sisté à la tentation d’acquérir de riches trophées. Son exemple fait
honte aux esprits sordides et mercenaires. Abram n’oubliait pas les
droits de la justice et de l’humanité. Sa conduite est un beau com-