100
Patriarches et Prophètes
une contrée ravissante, “un bon pays, un pays riche en torrents, en
sources et eaux profondes, jaillissant dans les vallées et dans les
montagnes ; un pays d’orge, de vignes, de figuiers et de grenadiers ;
un pays d’oliviers, d’huile et de miel
. Mais ces collines boisées
et cette plaine fertile étaient enveloppées, pour le patriarche, d’une
sombre atmosphère : les Cananéens étaient alors dans le pays. La
contrée désirable qui devait lui échoir était occupée par des gens
plongés dans les souillures de l’idolâtrie. Ses bosquets servaient
d’abris aux autels des faux dieux, et des sacrifices humains étaient
offerts sur les hauteurs environnantes.
Tout en se cramponnant à la promesse divine, mais non sans de
douloureux pressentiments, Abram se mit en devoir d’y dresser ses
tentes, quand l’Éternel lui apparut, et lui dit : “Je donnerai ce pays à
ta postérité
” Fortifié par cette parole qui l’assure de la présence et
de la protection divines au milieu des méchants, le patriarche “bâtit
là un autel à l’Éternel, qui lui était apparu
. Mais bientôt, appelé
à reprendre le bâton du pèlerin, il transporte son camp en un lieu
appelé Béthel, où il érige un nouvel autel, et où il invoque le nom de
l’Éternel.
Abraham, appelé l’“ami de Dieu”, nous a laissé un noble
exemple. Sa vie était une vie de prière. Partout où il dressait ses
tentes, on voyait s’élever un autel où il réunissait tout son personnel
pour le sacrifice du matin et du soir. Quand il quittait ce lieu, l’autel
y restait. Des années plus tard, maint Cananéen nomade, instruit par
lui, venant à passer, reconnaissait qu’Abram avait séjourné là, et, sa
tente dressée, il réparait l’autel et y adorait le Dieu vivant.
Continuant ses pérégrinations vers le sud, Abram voit à nouveau
sa foi mise à l’épreuve. Le ciel refusant la pluie à la terre, les ruis-
seaux cessèrent d’arroser les vallées, l’herbe sécha, les troupeaux
ne trouvèrent plus de pâture, et la famine menaça tout le camp. Que
fera Abram? Se mettra-t-il à douter de la Providence, ou à regretter
l’abondance des plaines de la Chaldée ? On se le demande, dans son
entourage, en voyant les épreuves s’abattre sur lui : car c’est sur sa
foi inébranlable que l’on compte, puisque Dieu est son ami et son
conducteur.
[107]
* .
Deutéronome 8 :7, 8
* .
Genèse 12 :6, 7
* .
Genèse 12 :6, 7