Patmos
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pour les criminels. Mais au serviteur de Dieu, ce lieu de détention
inhospitalier devint la porte du ciel. Là, séparé de l’agitation de la
vie, de l’activité des années écoulées, il était en communion avec
Dieu, avec le Christ et les anges, et il en reçut des instructions pour
l’Eglise des temps futurs. Les événements qui surviendraient à la
fin du monde lui furent présentés, et il relata les visions qu’il avait
eues à cet égard. Lorsque sa voix ne pourrait plus se faire entendre
en faveur de celui qu’il aimait et servait, les messages qu’il reçut sur
cette terre désolée et qui dévoilaient les desseins précis du Seigneur
au sujet de chaque nation de la terre seraient comme une torche
lumineuse.
Parmi les falaises et les rochers de l’île de Patmos, Jean commu-
niait avec son Maître. Il faisait un retour en arrière, et pensait aux
bénédictions dont il avait été l’objet et à la paix qui inondait son
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cœur. Ayant vécu une vie de chrétien, il pouvait dire : “Nous savons
que nous sommes passés de la mort à la vie
” Il n’en était pas de
même pour l’empereur qui l’avait exilé ; celui-ci ne pouvait voir, en
jetant un regard en arrière, que champs de bataille ou de carnage,
foyers détruits, veuves et orphelins en larmes, fruits de ses désirs
ambitieux de domination.
Dans son isolement, Jean pouvait étudier avec plus de précision
encore les manifestations de la puissance divine, telles qu’elles se
dégagent du livre de la nature et des pages de la Parole inspirée.
C’était pour lui un ravissement que de méditer sur l’œuvre de la
création et d’en adorer le divin architecte. Au cours des années pré-
cédentes, ses yeux avaient été accoutumés à admirer le spectacle des
collines couvertes de forêts, des vallées verdoyantes et des plaines
aux vergers florissants ; et, à travers les beautés de la nature, il s’était
toujours plu à remonter à l’origine de la sagesse et de la puissance
du Créateur. Maintenant, il était au milieu d’un décor qui pouvait
paraître à quiconque triste et dénué de tout intérêt ; mais pour lui, il
en était autrement. Le spectacle environnant pouvait être désolé et
aride ; l’azur du ciel qu’il contemplait était aussi pur, aussi lumineux
que celui de sa bien-aimée Jérusalem. Dans les rochers sauvages
et chaotiques, dans les mystères de l’abîme, dans les splendeurs du
3.
1 Jean 3 :14