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Conquérants Pacifiques
Lorsqu’on apprit dans les églises, pour la première fois, que
Paul devait se rendre à Rome, on s’attendait que la Parole de Dieu
y remporte un éclatant succès. L’apôtre avait annoncé la bonne
nouvelle dans bien des pays ; il l’avait proclamée dans de grandes
villes. Ce champion de la foi n’allait-il pas réussir également à
gagner des âmes au Christ dans la métropole du monde ? Mais tous
les espoirs s’effondrèrent quand on sut que Paul était arrivé à Rome
en prisonnier. On avait fermement pensé qu’une fois établi dans
ce grand centre, l’Evangile se propagerait rapidement dans tous les
pays, et deviendrait une puissance qui dominerait le monde entier.
Mais comme on fut désappointé ! Toutefois, si les espoirs humains
s’étaient évanouis, les desseins de Dieu subsistaient.
Ce ne fut pas par ses sermons, mais par ses chaînes que Paul
attira l’attention de la cour impériale sur le christianisme. Ce fut
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comme captif qu’il libéra de nombreuses âmes enchaînées dans
l’esclavage du péché. Bien plus, il déclarait : “La plupart des frères
dans le Seigneur, encouragés par mes liens, ont plus d’assurance
pour annoncer sans crainte la parole
”
La patience et le courage de Paul, durant sa longue et injuste
détention, son ardeur et sa foi constituaient un continuel sermon. Son
esprit, si différent de celui du monde, témoignait qu’une force plus
puissante que tout pouvoir terrestre résidait en lui. Par son exemple,
les chrétiens étaient amenés à déployer une plus grande activité en
faveur de l’Evangile maintenant que Paul ne pouvait plus prêcher en
public. Ainsi, les liens de l’apôtre exerçaient-ils une influence autour
de lui ; si bien que lorsque, apparemment, il semblait n’être plus utile
à la cause de Dieu, il recueillait dans les lieux d’où l’on n’attendait
rien une abondante moisson pour le Christ. C’est pourquoi il pouvait
dire, à la fin de sa deuxième année de captivité : “En effet, dans tout
le prétoire et partout ailleurs, nul n’ignore que c’est pour Christ que
je suis dans les liens.” Et parmi ceux qui envoyaient des salutations
aux Philippiens, il mentionne “principalement ceux de la maison de
César
.
La patience, comme le courage, a ses victoires. Par la douceur
dans l’épreuve, comme par l’audace dans les entreprises, on peut
5.
Philippiens 1 :14
6.
Philippiens 1 :13 ; 4 :22