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La maison de César
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du jugement à venir, jusqu’à faire trembler les arrogants potentats
qui semblaient déjà pressentir le grand jour de Dieu.
De telles occasions n’étaient plus offertes maintenant à l’apôtre,
relégué dans sa propre demeure, et désormais réduit à ne proclamer
la vérité qu’à ceux qui venaient le trouver. Il n’avait pas reçu, comme
Moïse et Aaron, l’ordre divin de se présenter devant le roi dépravé, et,
au nom du grand “Je suis”, de lui reprocher sa cruauté et sa tyrannie.
Et pourtant, ce fut à ce moment-là, alors que le grand avocat était en
apparence retiré de toute activité publique, que l’Evangile remporta
une éclatante victoire : des membres furent ajoutés à l’Eglise dans
la maison même de l’empereur.
Aucun lieu, cependant, ne pouvait être plus hostile à l’atmo-
sphère chrétienne que la cour de Rome. Néron semblait avoir effacé
de son âme la dernière trace du divin et même de l’humain. On
aurait dit qu’il portait l’empreinte de Satan. Ses serviteurs et ses
courtisans possédaient en général le même caractère que lui — ils
étaient cruels, vils, corrompus. Il paraissait absolument impossible
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que le christianisme puisse prendre pied dans la cour et le palais de
Néron.
Cependant, dans ce cas, comme dans tant d’autres, s’avéra justi-
fiée l’affirmation de Paul : “Les armes avec lesquelles nous combat-
tons ne sont pas charnelles ; mais elles sont puissantes, par la vertu
de Dieu, pour renverser des forteresses
” Dans la maison même de
Néron, des trophées de la croix furent conquis. De vils courtisans
d’un roi plus vil encore furent gagnés au Christ, et devinrent enfants
de Dieu. Ils ne se contentaient pas de pratiquer secrètement le chris-
tianisme, mais ils s’affichaient ouvertement, et n’avaient point honte
de leur foi.
Par quels moyens Paul réussit-il à implanter le christianisme
là où son accès même semblait impossible ? Dans son épître aux
Philippiens, il attribue à sa captivité les succès qu’il remporta dans
la maison impériale. Et dans la crainte que l’on puisse penser que
ses afflictions l’empêcheraient de faire progresser l’Evangile, il dé-
clarait : “Je veux que vous sachiez, frères, que ce qui m’est arrivé a
plutôt contribué aux progrès de l’Evangile
3.
2 Corinthiens 10 :4
4.
Philippiens 1 :12