Chapiter 18 — Un réformateur américain
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avaient pour effet d’attirer l’attention du public sur les choses de la
religion et de réprimer la mondanité et la sensualité du siècle.
Dans chaque localité, ou à peu près, les convertis se comp-
taient par vingtaines, parfois par centaines. En bien des endroits, les
églises protestantes de toutes tendances lui étaient grandes ouvertes
et c’étaient généralement les pasteurs de ces églises qui l’invitaient.
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Sa règle invariable était de ne se rendre que là où il était invité.
Néanmoins, il se trouva bientôt dans l’impossibilité de répondre ne
fût-ce qu’à la moitié des appels qui lui étaient adressés.
Plusieurs de ceux qui n’acceptaient pas les théories de Miller tou-
chant le temps exact du retour du Seigneur n’en avaient pas moins
la conviction qu’il était proche et qu’il fallait s’y préparer. Dans
quelques grandes villes, ses travaux firent une impression remar-
quable. Des cabaretiers abandonnèrent leur trafic et transformèrent
leur débit en salle de réunions ; des maisons de jeu fermèrent leurs
portes ; des incrédules, des déistes, des universalistes, des débauchés
se réformèrent. Certains d’entre eux n’avaient pas mis les pieds
dans un lieu de culte depuis des années. Dans quelques villes, les
différentes églises organisèrent des réunions de prière dans tous les
quartiers et presque à toute heure de la journée. Des hommes d’af-
faires se réunissaient à midi pour la prière et l’édification. Pas trace
d’excitation, ni d’extravagance, mais partout un profond sérieux.
L’œuvre de Miller, comme celle des premiers réformateurs, tendait
à éclairer les intelligences et à réveiller les consciences plutôt qu’à
émouvoir.
En 1833, l’église baptiste, dont Miller était membre, lui donna
une licence de prédicateur. En outre, un grand nombre de pasteurs de
son Eglise approuvant ses travaux, c’est avec leur sanction explicite
qu’il les poursuivit, tout en se bornant aux territoires de la Nouvelle-
Angleterre et des Etats du centre. Pendant plusieurs années, il paya
lui-même tous ses voyages et jamais, par la suite, ses frais de dépla-
cement ne lui furent entièrement remboursés. Loin d’être lucrative,
sa carrière publique greva lourdement ses ressources personnelles.
Mais ses enfants étant sobres et industrieux, les revenus de sa ferme
suffirent pour entretenir sa nombreuse famille et couvrir ses dé-
penses.
Le dernier des signes précurseurs du retour du Sauveur eut lieu
en 1833, deux ans après que Miller eut commencé ses prédications.
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