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Chapiter 18 — Un réformateur américain
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table rase de l’Evangile, ne lui offraient rien de meilleur et ne lui
donnaient aucune assurance de bonheur au-delà de la tombe. Aussi
était-il loin d’en être satisfait et l’avenir lui paraissait-il enveloppé
de sombres nuages. Miller était resté douze ans dans ces sentiments,
quand, arrivé à l’âge de trente-quatre ans, il fut convaincu de péché
par le Saint-Esprit. Voici comment il raconta plus tard les luttes
morales qu’il affronta alors :
“La perspective de l’anéantissement avait pour moi quelque
chose de lugubre et de glacial, tandis que celle d’un jugement futur
équivalait à la perdition certaine de tous les hommes. Le ciel était
d’airain au-dessus de ma tête, la terre de fer sous mes pas. Qu’était-
ce que l’éternité ? Pourquoi la mort régnait-elle ? Plus je raisonnais,
plus je voyais s’éloigner les solutions. Plus je réfléchissais, plus mes
idées étaient confuses. Je tentai de n’y plus penser, mais je n’en étais
pas capable. Aussi étais-je vraiment malheureux, mais sans savoir
pourquoi. Je murmurais, mais sans savoir contre qui. Je discernais
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le mal, mais je ne savais ni où ni comment trouver le bien. J’étais
désolé et désespéré.”
Miller demeura quelques mois dans cet état. “Soudain, dit-il, la
pensée d’un Sauveur se présenta vivement à mon esprit. Il me sembla
comprendre qu’il existait un Etre assez bon et compatissant pour
faire lui-même l’expiation de nos transgressions et porter la peine de
nos péchés. Je sentis aussitôt combien un tel Etre serait aimable, et
il me parut que je pourrais sans hésitation me jeter dans ses bras et
me confier en sa miséricorde. Constatant d’ailleurs qu’en dehors des
saintes Ecritures je ne trouverais aucune preuve ni de l’existence de
ce Sauveur, ni de la vie à venir, j’en commençai l’étude.
”Voyant que les Ecritures nous révèlent exactement le Sauveur
dont j’avais besoin, je me demandai, avec un certain embarras, com-
ment un livre non inspiré pouvait présenter des principes si bien
adaptés aux besoins de l’homme déchu, et je fus obligé d’admettre
que la Bible devait être inspirée de Dieu. Ce livre devint mes dé-
lices et Jésus, mon unique et meilleur ami, mon Sauveur, celui “qui
se distingue entre dix mille” Les saintes Ecritures, qui auparavant
me paraissaient obscures et contradictoires, furent désormais “une
lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier”. Je trouvai le
repos. Le Seigneur m’apparut comme un rocher au milieu de l’océan
de la vie. Désormais, la Bible constitua ma principale étude, et je