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Sévères paroles de reproche
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de le détourner du Dieu vivant. Elie allait maintenant l’honorer d’une
mission. “Va, lui dit-il, dis à ton maître : Voici Elie !”
Epouvanté, Abdias s’écria : “Quel péché ai-je commis, pour que
tu livres ton serviteur entre les mains d’Achab, qui me fera mourir ?”
Aller rapporter les paroles d’Elie à Achab, c’était aller au-devant, en
effet, d’une mort certaine. “L’Eternel est vivant ! dit-il au prophète,
il n’est ni nation ni royaume où mon maître n’ait envoyé pour te
chercher ; et quand on disait que tu n’y étais pas, il faisait jurer le
royaume et la nation que l’on ne t’avait pas trouvé. Et maintenant tu
dis : Va, dis à ton maître : Voici Elie ! Puis, lorsque je t’aurai quitté,
l’esprit de l’Eternel te transportera je ne sais où ; et j’irai informer
Achab, qui ne te trouvera pas, et qui me tuera.”
Abdias supplia le prophète de ne pas insister. “Cependant, dit-il,
ton serviteur craint l’Eternel dès sa jeunesse. N’a-t-on pas dit à mon
seigneur ce que j’ai fait quand Jézabel tua les prophètes de l’Eternel ?
J’ai caché cent prophètes de l’Eternel, cinquante par cinquante dans
une caverne, et je les ai nourris de pain et d’eau. Et maintenant tu
dis : Va, dis à ton maître : Voici Elie ! Il me tuera.”
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Elie jura solennellement qu’il ne parlait pas en vain. Il lui dit :
“L’Eternel est vivant ! Aujourd’hui je me présenterai devant Achab.”
Ainsi rassuré, “Abdias, étant allé à la rencontre d’Achab, l’informa
de la chose”.
Etonné et terrorisé, le roi écouta ce que lui faisait dire l’homme
qu’il redoutait et haïssait, et qu’il avait fait rechercher sans relâche.
Il savait bien que le prophète ne mettrait pas sa vie en danger pour
le seul plaisir de le rencontrer. Se pourrait-il qu’Elie profère une
autre malédiction contre Israël ? Les craintes du roi redoublèrent.
Il se souvenait de la main sèche de Jéroboam. Il ne pouvait se
dispenser de rencontrer l’homme de Dieu, ni lever la main contre
lui. Accompagné d’un corps de garde, il alla donc tout tremblant
au-devant du prophète.
Les voici tous les deux en face l’un de l’autre. Bien que nourris-
sant envers Elie une haine farouche, en sa présence Achab semble
anéanti, désarmé. Aux premières paroles qu’il balbutie : “Est-ce toi,
qui jettes le trouble en Israël ?” il montre inconsciemment les senti-
ments réels de son cœur. Achab n’ignore pas que c’est par la parole
de l’Eternel que le ciel est devenu comme de l’airain, et cependant