Œuvre de réforme
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pas se séparer. Mais on ne fit aucune distinction ; il ne fut tenu compte
ni du rang ni de la position. Quiconque parmi les prêtres ou les
principaux refusait de rompre avec les idolâtres était immédiatement
rejeté du service de Dieu. Un petit-fils du grand prêtre, qui avait
épousé la fille du fameux Sanballat, fut non seulement relevé de ses
fonctions, mais aussitôt banni d’Israël.
Comme elle était angoissée l’âme du fidèle serviteur de Dieu
qui devait agir avec une telle sévérité ! Seul le jour du jugement
le révélera. Il eut à combattre constamment contre les éléments
adverses, et ce ne fut que par le jeûne, l’humiliation et la prière que
l’œuvre du Seigneur progressa.
Beaucoup de ceux qui avaient épousé des idolâtres voulurent les
suivre en exil. Ils se joignirent aux Samaritains, et après quelque
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temps partagèrent leur fortune. Désireux de renforcer cette alliance,
les Samaritains s’engagèrent à adopter plus entièrement la foi et
les coutumes juives. Les renégats, décidés à surpasser leurs anciens
frères, édifièrent un temple sur le mont Garizim, l’opposant ainsi au
sanctuaire de Jérusalem. Leur religion continua à être un mélange
de judaïsme et de paganisme, une rivalité entre les deux nations. Le
fait pour les Samaritains de prétendre être le peuple de Dieu fut une
source de schisme et d’inimitié pendant des générations.
Dans la réforme qui doit s’opérer de nos jours, il faut des hommes
qui, comme Esdras et Néhémie, n’atténueront ni n’excuseront le
péché, des hommes qui ne reculeront pas pour venger l’honneur de
Dieu. Ceux qui assumeront cette responsabilité n’excuseront pas le
mal ; ils ne le recouvriront pas du manteau d’une fausse charité. Ils
sauront que Dieu ne fait pas acception de personnes et que la sévérité
témoignée envers quelques-uns est une preuve de miséricorde pour
beaucoup. Ils sauront aussi que l’Esprit du Christ se manifestera
toujours chez celui qui dénonce le péché.
Dans l’accomplissement de leur tâche, Esdras et Néhémie mar-
chaient humblement devant Dieu. Ils confessaient leurs péchés et
ceux du peuple ; ils en imploraient le pardon, comme s’ils étaient
eux-mêmes coupables. Patiemment, ils peinaient, priaient et souf-
fraient. Ce qui compliquait le plus leur tâche, ce n’était pas l’hostilité
ouverte des païens, mais l’opposition secrète de leurs soi-disant amis.
Ces derniers, en mettant leur influence au service du mal, alourdis-
saient singulièrement le fardeau des serviteurs de Dieu. Ces traîtres