La vraie grandeur
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avec les bêtes des champs et l’on te donnera comme aux bœufs de
l’herbe à manger ; tu seras trempé de la rosée du ciel, et sept temps
passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine
sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. L’ordre
de laisser le tronc où se trouvent les racines de l’arbre signifie que
ton royaume te restera quand tu reconnaîtras que celui qui domine
est dans les cieux.”
Après avoir expliqué fidèlement le songe, Daniel invita l’or-
gueilleux monarque à se repentir et à se tourner vers Dieu, afin
d’éviter les calamités qui le menaçaient. “O roi, puisse mon conseil
te plaire ! poursuivit le prophète, mets un terme à tes péchés en pra-
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tiquant la justice et à tes iniquités en usant de compassion envers les
malheureux, et ton bonheur pourra se prolonger.”
Les paroles du prophète produisirent pendant un certain temps
sur l’esprit du roi une forte impression ; mais le cœur qui n’est pas
transformé par la grâce de Dieu a vite fait d’oublier l’action du Saint-
Esprit. L’égoïsme et l’ambition, n’ayant pas encore été déracinés
du cœur de Nebucadnetsar, ces traits de caractère ne tardèrent pas
à réapparaître. Malgré les instructions qui lui avaient été données
si miséricordieusement et les avertissements reçus dans le passé, le
roi continua à jalouser les royaumes qui devaient lui succéder. Son
règne, caractérisé jusqu’alors par une justice et une bonté extrêmes,
devint tyrannique. Son cœur s’endurcit ; et il employa les dons que lui
avait accordés la Providence à sa glorification personnelle, s’élevant
au-dessus de Dieu qui lui avait donné la vie et la puissance.
Pendant des mois, le Seigneur différa son jugement. Mais, au
lieu d’être amené à la repentance, le roi donna libre cours à son
orgueil. Il finit même par ne plus ajouter foi à l’explication qui lui
avait été donnée au sujet du songe. Il en plaisantait volontiers en
pensant à la frayeur qu’elle lui avait causée.
Or, un an après avoir reçu l’avertissement divin, Nebucadnet-
sar se promenait dans son palais. Grisé par sa souveraineté toute-
puissante, ainsi que par ses triomphes de bâtisseur, il s’écria : “N’est-
ce pas ici Babylone la grande, que j’ai bâtie, comme résidence royale,
par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence ?”
Le roi n’avait pas fini de prononcer ces paroles orgueilleuses
qu’une voix se fit entendre du ciel, lui annonçant que l’heure du
jugement fixée par Dieu avait sonné. “Apprends, roi Nebucadnetsar,