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Prophètes et Rois
lui dit cette voix, qu’on va t’enlever le royaume. On te chassera du
milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs,
on te donnera comme aux bœufs de l’herbe à manger ; et sept temps
passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine
sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît.”
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Il perdit instantanément la raison. Son jugement qu’il croyait
parfait, sa sagesse dont il était si fier, tout cela avait disparu. Ayant
refusé d’écouter les messages d’avertissement qui lui avaient été
prodigués, il était privé du pouvoir dont le Créateur l’avait gratifié.
Chassé du milieu des hommes, Nebucadnetsar “mangea de l’herbe
comme les bœufs, son corps fut trempé de la rosée du ciel ; jusqu’à
ce que ses cheveux crussent comme les plumes des aigles, et ses
ongles comme ceux des oiseaux”.
Pendant sept ans, le roi de Babylone fut un sujet d’étonnement
pour ses sujets ; pendant sept ans, il fut humilié aux yeux de tout
le monde. Puis, il recouvra la raison. Levant les yeux au ciel, il
s’humilia devant le Dieu vivant ; dans le châtiment qui lui était
infligé, il reconnut la main d’en haut. Il confessa publiquement son
péché, et rendit gloire à la miséricorde divine qui l’avait réhabilité.
“Après le temps marqué, déclara-t-il, moi, Nebucadnetsar, je levai les
yeux vers le ciel, et la raison me revint. J’ai béni le Très-Haut, j’ai
loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont la domination
est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération
en génération. Tous les habitants de la terre ne sont à ses yeux que
néant : il agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les
habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et qui
lui dise : Que fais-tu ? En ce temps, la raison me revint ; la gloire de
mon royaume, ma magnificence et ma splendeur me furent rendues ;
mes conseillers et mes grands me redemandèrent ; je fus rétabli dans
mon royaume, et ma puissance ne fit que s’accroître.”
L’arrogant monarque d’autrefois n’était plus qu’un humble en-
fant de Dieu ; le despote tyrannique, un roi compatissant et débon-
naire.
Celui qui, jadis, avait défié et blasphémé le Dieu du ciel recon-
naissait maintenant la toute-puissance du Très-Haut. Il s’efforçait de
faire naître dans le cœur de ses sujets la crainte de Jéhovah.
Nebucadnetsar avait appris, dans la leçon infligée par le Roi
des rois et le Seigneur des seigneurs, ce que tout souverain devrait
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