Le songe de Nebucadnetsar
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les temps soient changés. C’est pourquoi dites-moi le songe, et je
saurai si vous êtes capables de m’en donner l’explication.”
Remplis de crainte en pensant aux conséquences de leur insuccès,
les magiciens s’efforcèrent d’expliquer au monarque que sa requête
était déraisonnable, et qu’on n’avait jamais exigé d’aucun homme
épreuve aussi difficile. “Il n’est personne sur la terre, reprirent-ils, qui
puisse dire ce que demande le roi ; aussi jamais roi, quelque grand et
puissant qu’il ait été, n’a exigé une pareille chose d’aucun magicien,
astrologue ou Chaldéen. Ce que le roi demande est difficile ; il n’y a
personne qui puisse le dire au roi, excepté les dieux dont la demeure
n’est pas parmi les hommes.”
Alors “le roi se mit en colère, et s’irrita violemment. Il ordonna
qu’on fît périr tous les sages de Babylone”.
Parmi ceux qui étaient visés par la sentence royale, se trouvaient
Daniel et ses compagnons. Lorsqu’ils apprirent qu’ils devaient mou-
rir, Daniel s’adressa “d’une manière prudente et sensée” à Arjoc,
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chef des gardes du roi. “Pourquoi, lui demanda-t-il, la sentence du
roi est-elle si sévère ?” Arjoc le mit au courant de la perplexité du
monarque au sujet de son étrange songe et de l’incapacité de ceux
en qui il avait placé sa confiance de l’expliquer. A l’ouïe de ces
paroles, Daniel se rendit vers le roi, au péril de sa vie, et le pria de lui
accorder un certain temps pour demander à son Dieu de lui révéler
le songe et son explication.
Le monarque accéda à cette requête. “Daniel alla dans sa mai-
son, et il instruisit de cette affaire Hanania, Mischaël et Azaria, ses
compagnons.” Ils demandèrent ensemble la sagesse à la source de la
lumière et de la connaissance. Ils avaient la ferme assurance d’être
là où Dieu les avait placés, de faire son œuvre et d’accomplir leur
devoir. Dans les tribulations comme dans le danger, ils s’étaient
constamment tournés vers celui qui les guidait et les protégeait, et
qui était pour eux un appui toujours présent. Le cœur contrit, ils
supplièrent donc à nouveau le Juge de toute la terre de leur accorder
la délivrance à l’heure du danger. Ils ne prièrent pas en vain. L’Esprit
de Dieu reposa sur eux, et, “dans une vision pendant la nuit”, le
songe du roi et sa signification furent révélés à Daniel.
Le premier mouvement du jeune homme fut de bénir le Seigneur
pour l’exaucement de sa prière. “Béni soit le nom de Dieu d’éternité
en éternité ! s’écria-t-il. A lui appartiennent la sagesse et la force.