La déportation à Babylone
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tenait pas compte des conseils divins, il perdrait la vie et tous ses
biens tomberaient entre les mains des Babyloniens. Mais le roi,
engagé sur une mauvaise voie, ne voulut pas revenir en arrière ; il
décida de suivre le conseil des faux prophètes et celui des hommes
pour lesquels il n’avait en réalité que du mépris, qui ridiculisaient sa
faiblesse et le faisaient céder si facilement à leurs désirs. Il sacrifia sa
liberté pour devenir l’esclave de l’opinion publique. Indécis en pré-
sence du mal, Sédécias n’avait pas le courage de lutter pour le bien.
Convaincu de la valeur des paroles de Jérémie, il manquait d’énergie
pour s’y conformer ; et, en conséquence, il s’engagea résolument
dans une fausse direction.
Le roi avait une si grande crainte des hommes qu’il n’osait même
pas dire à ses courtisans et à son peuple qu’il avait eu un entretien
avec Jérémie. S’il avait déclaré nettement qu’il croyait aux paroles
du prophète, déjà à moitié accomplies, que de catastrophes auraient
pu être évitées ! S’il avait dit : “J’obéirai au Seigneur, et j’épargnerai
ainsi à Jérusalem une ruine totale ; je ne veux pas mépriser les ordres
de Dieu par crainte des hommes ou pour me ménager leur faveur ;
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j’aime la vérité, j’ai horreur du péché, je suivrai les conseils du
Tout-Puissant”, alors on aurait respecté le courage du roi, et ceux qui
hésitaient entre la foi et l’incrédulité se seraient rangés du côté du
bien. Cette attitude courageuse et impartiale aurait suscité chez ses
sujets l’admiration et la loyauté. Le roi aurait eu ainsi un puissant
appui, et Juda n’aurait pas connu les fléaux dévastateurs du carnage,
de la famine et de l’incendie.
La faiblesse de Sédécias était un péché dont il porta durement
la peine. L’ennemi s’abattit comme une avalanche irrésistible et
dévasta la ville. Les armées juives furent mises en déroute ; le pays,
conquis. Le roi fut fait prisonnier et ses fils égorgés sous ses yeux. Il
fut emmené en captivité, on lui creva les yeux et, arrivé à Babylone, il
périt misérablement. Le temple admirable, qui couronnait le sommet
de la montagne de Sion depuis plus de quatre siècles, ne fut pas
épargné par les Chaldéens. “Ils brûlèrent la maison de Dieu ; ils
démolirent les murailles de Jérusalem; ils livrèrent au feu tous ses
palais et détruisirent tous les objets précieux
”
12.
2 Chroniques 36 :19