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Patriarches et Prophètes
repentir, ni une vraie horreur du mal. Si la punition s’était arrêtée, ils
auraient recommencé à insulter le ciel. Ainsi, lorsque les jugements
de Dieu fondront sur la terre, les injustes sauront qu’ils expient leurs
violations de la loi de Dieu. Mais ils n’éprouveront pas de remords
plus sincères que les pécheurs de l’ancien monde.
Dans leur désespoir, quelques-uns s’efforçaient de pénétrer dans
l’arche. D’autres, qui s’y cramponnaient, étaient bientôt emportés
par le remous des eaux ou par le choc des arbres et des rochers.
Battue par les vents impitoyables et secouée par les vagues, l’im-
mense embarcation, frissonnant de toute sa masse, n’en continuait
pas moins à cingler au milieu des éléments en démence. Des anges
puissants étaient là pour la protéger.
A l’intérieur de l’arche, les bêtes trahissent par leurs cris une dou-
loureuse angoisse. A l’extérieur, devant l’horreur de la tempête, les
bêtes des champs et des forêts accourent affolées auprès des humains,
comme pour leur demander secours et protection. Quelques-uns
montent avec leurs enfants sur le dos de certains animaux puissants
doués d’une vitalité tenace, et les dirigent vers les hauteurs, dans
l’espoir d’échapper ainsi aux eaux grossissantes. D’autres, escala-
dant les collines et les monts, grimpent au sommet d’arbres énormes,
mais ceux-ci sont arrachés et projetés avec leur cargaison vivante
au milieu des vagues écumantes. Et les eaux montent, montent sans
cesse. L’un après l’autre, tous les lieux qui avaient paru promettre
un sûr abri sont inondés. Les gens qui ont cherché un dernier refuge
sur les plus hautes cimes y disputent aux animaux une parcelle de
terre ferme pour être bientôt, avec eux, emportés par les éléments
déchaînés. Et maintenant, des plus hauts sommets, on n’aperçoit
plus qu’une mer sans rivages.
Alors le message de Dieu ne semble plus une plaisanterie aux
hommes qui l’ont méprisé. Combien ceux-ci apprécieraient une
seule heure de grâce, un seul appel des lèvres de Noé ! Mais la douce
voix de la miséricorde s’est tue. D’ailleurs, ce n’était pas seulement
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la justice de Dieu, mais aussi son amour qui appelait ses jugements
à mettre un frein à l’iniquité débordante.
“C’est ainsi que le monde d’alors périt submergé par l’eau du
déluge. Mais les cieux et la terre d’à présent sont gardés par cette
même parole et réservés pour le feu qui doit les consumer au jour