Le déluge
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était adorée à la place du Dieu de la nature. On encensait le génie
humain, on glorifiait ses ouvrages et on apprenait aux enfants à se
prosterner devant des images taillées.
C’était sur de vertes pelouses, à l’ombre d’arbres vénérables
ou en de vastes bosquets au feuillage toujours vert, qu’on érigeait
les autels des faux dieux. Ces bosquets étaient entourés de jardins
somptueux où s’étalaient des avenues bordées d’arbres fruitiers de
toutes les variétés, ornées de statues et agrémentées de tout ce qui
pouvait plaire aux sens, satisfaire la volupté et entraîner à l’idolâtrie.
En bannissant Dieu de leurs pensées et en adorant les œuvres de
leur imagination, les hommes devenaient de plus en plus terre à terre.
“Ceux qui les fabriquent, dit le Psalmiste, et tous ceux qui se confient
en elles, leur deviendront semblables
” Une loi de l’esprit humain
veut que l’on se transforme à l’image de ce que l’on contemple.
L’homme ne s’élève pas plus haut que ses conceptions de la vertu.
En attribuant à leurs faux dieux les vices et les passions humaines,
l’idéal de ces idolâtres s’abaissait de plus en plus.
“L’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur
la terre, et que toutes les pensées de son cœur étaient chaque jour
dirigées vers le mal. ... La terre s’était corrompue devant Dieu, et
elle était remplie de crimes
” La loi que Dieu avait donnée aux
hommes comme règle de conduite était violée, et tous les forfaits
imaginables étaient à l’ordre du jour. L’iniquité abondait, la justice
était foulée aux pieds, et les cris des opprimés parvenaient jusqu’au
ciel. Au sein de la dépravation générale, Méthusélah, Noé et d’autres
s’efforçaient en vain de conserver la connaissance du vrai Dieu et
d’endiguer la marée du mal.
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Contrairement à l’ordre divinement établi dès le commencement,
la polygamie avait de très bonne heure fait son apparition. La volonté
de Dieu à cet égard s’était manifestée par le fait qu’il n’avait doté
Adam que d’une femme. Mais, peu après la chute, les hommes
avaient donné libre cours à leurs coupables désirs, et récoltaient
maintenant une moisson grandissante de souffrances et de misères.
Ni le mariage ni la propriété n’étaient respectés. Celui qui convoitait
les femmes ou les biens de son prochain les lui prenait de force, et
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Psaumes 115 :8
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Genèse 6 :5, 11