Page 673 - Patriarches et Proph

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La révolte d’Absalom
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Cependant, l’alarme parvenait à Jérusalem, et David, se réveillant
d’un long engourdissement, s’aperçut qu’une révolte avait éclaté à
l’ombre du trône. Son propre fils, qu’il aimait et en qui il avait mis
toute sa confiance, se disposait à lui enlever la couronne et sans doute
la vie ! Absalom fit la revue de ses troupes à Hébron. Les rebelles
étaient donc aux portes de Jérusalem. Devant ce grand péril, David
secoue la torpeur qui l’accable depuis si longtemps et s’apprête à
faire face à l’orage avec toute la vigueur de ses jeunes années.
Du haut de son palais, il jette les regards sur sa capitale, “joie
de toute la terre, cité du grand Roi
. Il frissonne à la pensée que
Jérusalem puisse être inondée de sang, livrée au carnage et à la dé-
vastation. Doit-il faire appel à ses sujets restés fidèles, et la défendre
farouchement ? Sa décision est prise : non, il ne permettra pas que
les horreurs de la guerre profanent la ville sainte ; il quittera Jéru-
salem; il mettra à l’épreuve la fidélité de son peuple et lui donnera
l’occasion de venir se ranger sous son drapeau. De toutes façons, en
cette grave circonstance, son devoir est de défendre l’autorité dont
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le ciel l’a investi. Quant à l’issue du conflit, il la remet entièrement
entre les mains de Dieu.
Le cœur saignant, le roi quitte son palais et abandonne Jérusalem
d’où le chasse un fils dénaturé. Suivi par une foule qui fait penser
à un cortège funèbre, il est entouré de sa garde de corps formée
de Kéréthiens et de Péléthiens, ainsi que de six cents Guitthiens,
sous la conduite d’Ittaï. Avec son désintéressement habituel, il ne
peut consentir que ces étrangers, venus se mettre sous sa protection,
soient enveloppés dans son malheur. Étonné de les voir disposés à
faire ce sacrifice pour lui, il dit à Ittaï : “Pourquoi veux-tu venir, toi
aussi, avec nous ? Retourne sur tes pas, reste avec le (nouveau) roi,
puisque tu es un étranger et que tu as quitté ton pays. Tu es arrivé
d’hier, et dès aujourd’hui je te ferais partager notre vie errante !
Quant à moi, je vais je ne sais où ! Retourne donc et emmène tes
frères avec toi. Que la miséricorde et la fidélité t’accompagnent !”
Ittaï lui répond : “Aussi vrai que l’Éternel est vivant, et que le roi,
mon seigneur, est vivant lui-même, là où sera le roi, mon seigneur,
soit pour mourir, soit pour vivre, là aussi sera ton serviteur.” David
accepte avec gratitude le dévouement à sa cause chancelante de ces
* .
Psaumes 48 :3