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Patriarches et Prophètes
instructions détaillées à ce sujet, déshonorèrent Dieu en négligeant
de s’y conformer.
En outre, Uzza était coupable d’un péché plus grave. La
conscience chargée de péchés non confessés, il avait en partie perdu
le sentiment de la sainteté de la loi divine et ne craignit pas de por-
ter la main sur le signe de la présence divine. Le Seigneur n’agrée
pas qu’on obéisse partiellement à ses commandements ni qu’on les
prenne à la légère. Par le châtiment d’Uzza, il voulut faire sentir à
tout Israël l’importance d’une stricte conformité à ses ordonnances.
La mort d’un homme, en ramenant le peuple au respect de sa loi,
pouvait prévenir le châtiment de milliers de personnes.
Par la mort d’Uzza, David, conscient de n’être pas entièrement en
règle avec Dieu, avait conçu une grande frayeur de l’arche et craint
de s’attirer quelque châtiment du ciel. Mais Obed-Edom, quoique
en tremblant, accueillit avec joie et empressement ce symbole sacré
comme un gage de la faveur divine assurée à tous les cœurs obéis-
sants. Aussi toute la maison d’Israël tourna dès lors les yeux vers le
Guittien, et l’on constata que Dieu avait “béni Obed-Edom et toute
sa famille”.
Le châtiment divin accomplit son œuvre dans le cœur de David.
Il comprit mieux la sainteté de la loi de Dieu et la nécessité de la
suivre strictement. La prospérité dont la maison d’Obed-Edom était
l’objet lui fit espérer que la présence de l’arche pourrait être en
bénédiction à lui et à son peuple.
Au bout de trois mois, il fit une seconde tentative pour transférer
l’arche à Jérusalem. Mais il eut soin, cette fois, de se conformer
ponctuellement aux instructions du Seigneur. De nouveau, on ras-
sembla les principaux du peuple. Une grande foule se réunit autour
de la demeure du Guittien. Avec un soin respectueux, l’arche fut
placée sur les épaules des hommes désignés pour cette tâche, et
l’immense procession, non sans ressentir un saint effroi, se mit en
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route. Après qu’on eut fait six pas, la trompette sonna une halte et,
sur l’ordre de David, “on sacrifia un taureau et une bête grasse”. La
frayeur fit alors place à la joie. Ayant déposé ses vêtements royaux,
le roi avait endossé un simple éphod de lin comme en portaient les
prêtres. En agissant ainsi, David n’usurpait pas les fonctions sacer-
dotales car d’autres que les prêtres pouvaient revêtir l’éphod. En ce