Page 625 - Patriarches et Proph

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Mort de Saül
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A la faveur des ténèbres, Saül et ses deux serviteurs traversent
la plaine, passent sans encombre près de l’armée des Philistins,
gravissent le flanc de la montagne et arrivent à la demeure solitaire
de la sorcière d’Endor. C’est là que l’évocatrice des esprits s’est
cachée pour pratiquer secrètement ses incantations. Mais Saül a beau
être déguisé, sa haute stature et son port royal prouvent qu’il n’est
pas un guerrier ordinaire. Les soupçons de la femme sont confirmés
par la riche récompense qui lui est offerte. “Saül lui dit : Prédis-moi
l’avenir, je te prie, en évoquant un mort, et fais-moi monter celui
que je te désignerai. La femme lui répondit : Tu sais bien ce que
Saül a fait, comment il a fait disparaître du pays ceux qui évoquent
les morts et les devins. Pourquoi donc me tends-tu un piège pour me
faire mourir ? Saül lui fit ce serment par l’Éternel, et lui dit : Aussi
vrai que l’Éternel est vivant, il ne t’arrivera aucun mal pour cette
affaire. Alors la femme lui dit : Qui dois-je évoquer devant toi ? Il
répondit : Évoque Samuel.”
Après avoir pratiqué ses sortilèges, “la femme dit à Saül : Je vois
un dieu qui monte de dessous la terre... C’est un vieillard qui monte,
et il est couvert d’un manteau. Saül comprit que c’était bien Samuel.
Il s’inclina, le visage contre terre, et il se prosterna.” Mais ce n’était
pas le prophète qui apparaissait à l’appel de la sorcière. L’apparition
surnaturelle qui imitait Samuel n’était qu’un produit du pouvoir de
Satan, une personnification à la ressemblance de Samuel, comme
celle qui, plus tard, dans le désert, se présentera à Jésus en ange de
lumière.
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Quand la sorcière vit Samuel, elle “poussa un grand cri, et elle dit
à Saül : Pourquoi m’as-tu trompée ? Tu es Saül.” Le premier soin de
l’esprit personnifiant Samuel avait donc été d’avertir l’évocatrice de
l’identité de son visiteur. Le message apporté à Saül par le soi-disant
prophète fut le suivant : “Pourquoi as-tu troublé mon repos, en me
faisant monter ? Saül répondit : Je suis dans une grande détresse ;
car les Philistins me font la guerre, et Dieu s’est retiré de moi. Il ne
me répond plus, ni par les prophètes, ni par les songes. Je t’ai donc
fait appeler pour que tu me fasses connaître ce que je dois faire.”
Tandis que Samuel vivait, Saül avait méprisé ses conseils et
s’était offensé de ses réprimandes. Mais à cette heure de détresse et
de calamité, il met son dernier espoir dans les directives du prophète.
Hélas ! au lieu d’entrer en communication avec le ciel, il s’est adressé