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Patriarches et Prophètes
tous les moyens de consulter l’Éternel. Il a rejeté les conseils de
Samuel, le prophète ; il a exilé David, l’élu de Dieu ; il a massacré
les prêtres du Très-Haut. Peut-il s’attendre à recevoir une réponse,
quand il a supprimé toutes les voies de communication entre le
ciel et la terre ? Après avoir chassé l’Esprit de la grâce, comment
espérerait-il une réponse de la part de Dieu ?
Ce n’étaient d’ailleurs pas le pardon de ses péchés et sa récon-
ciliation avec le Seigneur que demandait Saül mais la défaite de
ses ennemis. Séparé de Dieu par sa révolte, et ne pouvant revenir
en arrière que par le chemin d’un repentir dont il ne veut pas, l’or-
gueilleux monarque se décide, dans sa détresse, à un acte désespéré
et fatal.
“Saül dit à ses serviteurs : Cherchez-moi une femme qui sache
évoquer les morts ; j’irai la trouver, et je la consulterai.” Le roi
savait pertinemment que l’occultisme avait été interdit par Dieu. Une
sentence de mort était prononcée contre tous ceux qui se livraient à
ses impurs maléfices. Il avait lui-même, du vivant de Samuel, fait
mettre à mort tous les sorciers et tous ceux qui consultaient les
esprits. Et c’est à eux, maintenant, qu’il allait demander un oracle !
On répondit au roi : “Il y a à Endor une femme qui sait évoquer
les morts.” Cette femme avait fait un pacte avec Satan. En retour,
le prince du mal opérait des miracles à sa demande et lui révélait
des secrets. Saül se déguise et part de nuit, accompagné de deux
serviteurs, à la recherche de la sorcière. Quel spectacle que celui de
ce roi d’Israël marchant aveuglément à la remorque de Satan ! Y a-t-il
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au monde sentier plus lugubre que celui de l’homme qui obstinément
repousse l’Esprit de Dieu pour n’en faire qu’à sa tête ? Y a-t-il un
esclavage plus terrible que celui que fait subir le pire des tyrans :
l’égoïsme ? La confiance en Dieu et l’obéissance à sa volonté : telles
avaient été les conditions posées à Saül avant de monter sur le trône
d’Israël. S’il les avait remplies, Dieu eût été son Guide ; le Tout-
Puissant, son bouclier. Dieu l’avait longtemps supporté. Sa révolte
et son entêtement avaient été bien près de réduire au silence la
voix divine en son âme. Néanmoins, jusqu’ici, il avait encore eu
l’occasion de se convertir. Mais maintenant qu’il se détourne de
Dieu pour aller solliciter les conseils d’un suppôt de Satan, il coupe
le dernier lien qui le rattache à son Créateur et se place tout entier
sous l’ascendant du grand révolté.