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Patriarches et Prophètes
A son retour, il devait se cacher dans un bosquet non loin de la
salle du festin, et Jonathan devait observer l’effet de cette absence
sur l’humeur du roi. Aux questions qui lui seront posées, il devra
répondre que David s’est rendu chez ses parents pour assister à un
sacrifice. Si Saül ne manifeste aucun mécontentement, et dit : “C’est
bien”, on conclura que David pourra rentrer sans crainte à la cour.
Mais si le roi s’emporte, la fuite de David deviendra inévitable.
Le premier jour de la fête, le roi ne fit aucune remarque sur
l’absence de David. Mais le second jour, il demanda : “Pourquoi
le fils d’Isaï n’est-il point venu au repas, ni hier, ni aujourd’hui ?
Jonathan répondit : David m’a demandé avec instance d’aller jusqu’à
Bethléhem. Il a dit : Laisse-moi partir, je te prie ; car nous avons
un sacrifice de famille dans la ville, et mon frère m’a recommandé
de m’y rendre. Maintenant donc, si j’ai trouvé grâce à tes yeux,
permets-moi de m’y rendre en hâte pour aller voir mes frères. C’est
pour cela qu’il n’est pas venu à la table du roi.”
A ces mots, Saül entre dans une violente colère. Il déclare
qu’aussi longtemps que David vivra, Jonathan ne montera jamais
sur le trône. Puis il ordonne que David soit immédiatement amené et
mis à mort. Jonathan essaye de plaider pour son ami : “Pourquoi le
faire mourir ? Qu’a-t-il fait ?” Cet appel aux sentiments d’humanité
du roi ne fait que redoubler sa fureur aveugle, et il lance contre son
fils la hallebarde qu’il destinait à son gendre.
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Frémissant de douleur et d’indignation, le jeune prince se lève
de table et ne paraît plus à la fête. A l’heure indiquée, il se rend,
navré, au rendez-vous, pour avertir David des sentiments de son
père à son égard. Les deux jeunes gens se jettent au cou l’un de
l’autre et pleurent amèrement. La sombre passion du roi jette sur
leur existence un voile de tristesse indicible. Lorsqu’ils se séparent
pour suivre chacun sa destinée, David dit à Jonathan : “Va en paix,
maintenant que nous avons prêté l’un et l’autre ce serment au nom
de l’Éternel : l’Éternel sera entre moi et toi, entre ma postérité et ta
postérité à jamais.”
Le fils du roi retourne à Guibéa, tandis que David se rend à Nob,
ville de la tribu de Benjamin, distante de quelques kilomètres. Ne
sachant où se réfugier, il vient y chercher un asile chez le prêtre
Achimélec. Celui-ci, très inquiet de le voir arriver seul, à la hâte et
le visage bouleversé, lui demande ce qui l’amène. Dans la crainte