Page 607 - Patriarches et Proph

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David fugitif
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d’être découvert, le fugitif recourt à la dissimulation. Il répond au
saint homme que le roi lui a confié une mission secrète exigeant
une grande célérité. Ce manque de véracité et de foi en Dieu devait
coûter la vie au prêtre. L’enfant de Dieu doit être véridique au risque
des pires conséquences. Le grand prêtre n’avait que des pains sacrés.
David parvient à dissiper ses scrupules et à se faire remettre les pains
pour apaiser sa faim.
Mais un nouveau danger se présente. Doëg, un Édomite, princi-
pal berger de Saül, qui professait la foi des Hébreux, faisait en ce
moment ses dévotions devant le sanctuaire. A la vue de cet homme,
David se décide d’aller chercher un refuge ailleurs et de se procurer
des armes. Il demande une épée au sacrificateur. Celui-ci lui répond
qu’il n’en a pas d’autre que celle de Goliath, qui figure au tabernacle
comme relique. “Elle n’a pas sa pareille, lui dit David, donne-la
moi.” En prenant l’épée avec laquelle il a exécuté le héros des Phi-
listins, le courage lui revient, et il va se réfugier auprès d’Akis, le roi
de Gath, ennemi de son peuple, où il pense avoir moins à craindre
que sur les terres de Saül. Mais on vient rapporter à Akis que David
est l’homme qui, quelques années auparavant, a tué le géant des
Philistins. Le chef de l’armée de Saül en fuite se retrouve ainsi dans
un grand péril, dont il n’échappe qu’en feignant d’être fou.
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Le manque de confiance en Dieu dont David avait fait preuve
à Nob avait été une première erreur. Sa ruse devant Akis en était
une seconde. Il avait naguère montré de la noblesse de caractère,
et sa valeur morale lui avait gagné la faveur du peuple. Dans une
grave circonstance, se confiant en Dieu, il avait terrassé le colosse
de Gath. Plein de cette confiance, il avait marché en son nom contre
l’adversaire. Maintenant, il faiblit devant l’épreuve et laisse paraître
la faiblesse humaine. Dans chaque homme, il voit un espion ou
un traître. Poursuivi et persécuté, la détresse et les difficultés ont
presque voilé à ses yeux la face de son tendre Père céleste.
Ces circonstances, néanmoins, vont lui enseigner une importante
leçon. Il fera connaissance avec sa faiblesse et verra la nécessité
de recourir sans cesse à Dieu, débordant de pitié envers ceux qui
s’égarent, prêt à fortifier les faibles, à leur manifester sa patience et
sa commisération dans l’adversité et à encourager, par son Esprit,
les cœurs abattus.