Page 588 - Patriarches et Proph

Basic HTML Version

584
Patriarches et Prophètes
n’ait bien de la peine à conserver son prestige contre un concurrent
éventuel. Il conjure donc Samuel de l’honorer devant la foule et
les anciens en participant avec lui à un service religieux. Une voix
divine ayant alors averti Samuel d’accéder à la demande du roi pour
ne donner aucun prétexte à un mouvement d’insurrection, il assista,
spectateur silencieux, au service divin.
Un acte de justice terrible, impitoyable, restait à accomplir pour
revendiquer publiquement l’honneur de Dieu et censurer la conduite
du roi. Samuel ordonna qu’on amenât devant lui le roi des Ama-
lécites. De tous ceux qui étaient tombés sous le fer d’Israël, Agag
était le plus cruel et le plus barbare. Plein de fiel contre le peuple
de Dieu, il avait cherché à le détruire et mis toute son influence en
faveur de l’idolâtrie. Agag se présenta néanmoins devant le prophète
en se flattant que pour lui tout danger de mort était passé. Samuel lui
dit : “De même que ton épée a privé des femmes de leurs enfants,
ainsi ta mère portera le deuil d’un fils. Et Samuel fit exécuter Agag
en présence de l’Éternel, à Guilgal.” Puis il retourna en sa maison
à Rama, et Saül rentra chez lui, à Guibéa. Le prophète et le roi ne
devaient plus se rencontrer qu’une seule fois.
Quand il fut appelé au trône, Saül avait une humble opinion de
ses capacités et consentait à se laisser guider. Ses connaissances
et son expérience religieuse étaient limitées, et il avait de sérieux
défauts de caractère. Mais Dieu lui avait communiqué son Esprit
et donné l’occasion de se former pour gouverner Israël. S’il était
resté humble et disposé à se laisser diriger par la sagesse divine, il
[619]
aurait pu s’acquitter de sa haute charge avec honneur et succès. Sous
l’influence de la grâce divine, toutes ses qualités se seraient affermies
et ses défauts atténués. Telle est l’œuvre que le Seigneur désire
accomplir pour tous ceux qui se consacrent à son service. C’est ainsi
qu’il a appelé dans son œuvre un grand nombre d’hommes animés
d’un esprit humble et pieux, disposés à se laisser guider, et les a
placés là où ils pouvaient apprendre à se corriger de leurs défauts de
caractère.
Humble et modeste quand il monta sur le trône, Saül s’était laissé
envahir par l’orgueil du succès, réveillé par la première victoire de
son règne, et qui devint son plus grand danger. Sa valeur et ses talents
militaires lors de la délivrance de Jabès de Galaad avaient excité
l’enthousiasme de toute la nation, faisant oublier à celle-ci que le