La présomption de Saül
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avait pour but de châtier la perversité de Saül et de donner à son
peuple une leçon d’humilité et de foi.
La témérité sacrilège du roi devait le priver de l’honneur de la
victoire. L’instrument choisi pour délivrer Israël fut un jeune homme
craignant Dieu : Jonathan, le propre fils de Saül. Poussé par une
inspiration divine, il proposa à son écuyer d’aller tenter un coup de
main contre l’ennemi. “Peut-être l’Éternel agira-t-il pour nous, lui
dit-il ; car rien n’empêche l’Éternel de donner la victoire au petit
nombre aussi bien qu’au grand
” L’écuyer, homme de foi et de
prière, ayant épousé son dessein, ils quittèrent secrètement le camp,
de peur qu’on ne s’opposât à leur projet. Après avoir adressé une
ardente prière au Gardien de leurs pères, ils s’entendirent sur un
signe qui devait leur révéler ses directives. Ils descendirent au fond
de la gorge qui séparait les deux armées, et profitant des aspérités
de la montagne, ils en escaladèrent silencieusement le flanc opposé,
qui se trouvait dans l’ombre.
Quand ils furent près de la forteresse, ils se montrèrent aux Phi-
listins. Ceux-ci en les voyant, ricanèrent : “Montez donc jusqu’à
nous !” Jonathan et son écuyer avaient convenu par avance que ce
serait le signe que Dieu favorisait leur projet. Ils disparurent alors, et
par un passage secret, très escarpé, les deux guerriers s’avancèrent
jusqu’au sommet d’un rocher qui semblait inaccessible, et qui était
peu fortifié. Ils se trouvaient ainsi dans le camp ennemi. Les senti-
nelles surprises et effrayées n’offrirent aucune résistance et furent
mises à mort.
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Jonathan et son compagnon, secondés et protégés par les anges
de Dieu, se jetèrent sur les hommes du poste, qui tombèrent devant
eux. A ce moment, un tremblement de terre fit entendre un bruit res-
semblant à une multitude de cavaliers et de chariots qui approchaient.
Les Philistins comprirent que Dieu opérait en faveur d’Israël. La
panique envahit tout le camp. Prenant, dans leur affolement, leurs
propres soldats pour des ennemis, les Philistins se mirent à s’égorger
les uns les autres.
Le bruit du combat parvint à l’armée d’Israël. Des sentinelles
avertirent le roi qu’une grande confusion régnait chez l’adversaire.
Saül demanda si quelqu’un avait quitté le camp. Personne ne man-
* .
Voir
1 Samuel 14