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Patriarches et Prophètes
quement confirmée. Ainsi fut fait, et là, “en présence de l’Éternel,
ils établirent Saül pour roi, ils offrirent à l’Éternel des sacrifices
d’actions de grâces. Puis Saül et tout Israël se livrèrent à de grandes
réjouissances.”
Guilgal avait été l’emplacement de la première halte d’Israël
en Canaan. C’était là que Josué, sur l’ordre de Dieu, avait dressé
l’autel de douze pierres pour commémorer le miraculeux passage
du Jourdain ; là que la circoncision avait été renouvelée, et qu’on
avait célébré la Pâque après le péché de Kadès et le séjour dans le
désert ; là que la manne avait cessé de tomber, et que le Capitaine de
l’armée de l’Éternel était apparu comme commandant en chef des
troupes d’Israël. De là, ces dernières étaient parties pour la conquête
de Jéricho et d’Aï ; là aussi, après son péché, Acan avait subi son
châtiment, et Josué, pour avoir négligé de consulter l’Éternel, avait
conclu un malheureux traité. C’est sur cette plaine aux souvenirs si
émouvants que Samuel et Saül se présentèrent devant la foule. Dès
que les acclamations adressées au roi eurent cessé, Samuel, résiliant
ses fonctions, fit ses adieux à son peuple.
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“J’ai obéi, dit-il, à votre voix dans tout ce que vous m’avez dit ;
j’ai établi un roi sur vous ; désormais, voici le roi qui marchera à
votre tête. Quant à moi, je suis vieux, j’ai blanchi. ... J’ai marché
à votre tête depuis ma jeunesse jusqu’à ce jour. Me voici donc,
témoignez contre moi devant l’Éternel et devant son oint. De qui
ai-je pris le bœuf ? De qui ai-je pris l’âne ? Qui ai-je opprimé ? A
qui ai-je fait violence ? De la main de qui ai-je reçu un présent pour
fermer les yeux en sa faveur ? Je vous le restituerai. Tout d’une voix,
le peuple répondit : Tu ne nous as pas opprimés, tu ne nous as pas
fait violence, et tu n’as rien pris de la main de personne.”
Samuel ne cherchait pas seulement à justifier sa conduite. Il avait,
peu auparavant, exposé devant le peuple les principes qui allaient
régir le roi et la nation, et, à ses paroles, il avait voulu ajouter le
poids de son propre exemple. Associé à l’œuvre du Seigneur dès sa
jeunesse, il n’avait eu, durant sa longue existence, qu’un seul objet
en vue : la gloire de Dieu et le plus grand bien d’Israël. Le prophète
savait, en outre, qu’il n’y avait pour son peuple de perspective de
prospérité que s’il se reconnaissait coupable devant Dieu de la faute
qu’il avait commise. Par suite de ses péchés, il avait perdu sa foi en
Dieu, perdu le sentiment de la sagesse et de la puissance de celui