Page 571 - Patriarches et Proph

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Le premier roi d’Israël
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consternation. C’était à la fin du jour. Saül, qui revenait des champs
avec ses bœufs, entendit de loin un cri de lamentations qui trahissait
quelque grande calamité. “Qu’a donc le peuple pour pleurer ainsi ?”
demanda-t-il. Apprenant l’inique et horrible proposition des Ammo-
nites, tout son être se révolta. “Saisi par l’Esprit de Dieu,... il prit
une paire de bœufs et les coupa en morceaux qu’il envoya par des
messagers dans tout le territoire d’Israël, avec cet avis : Ainsi seront
traités les bœufs de tout homme qui ne marchera pas à la suite de
Saül et de Samuel.”
A cette sommation répondirent trois cent trente mille hommes
qui se réunirent à Bézec, sous les ordres de Saül. Sans retard, on
fit savoir aux assiégés qu’ils pourraient attendre du secours dès le
lendemain, le jour même où ils devaient faire leur soumission. Grâce
à une marche forcée, Saül et son armée traversèrent le Jourdain et
arrivèrent devant Jabès “dès la veille du matin”. Divisant, comme
Gédéon, ses troupes en trois compagnies, Saül fondit sur le camp
des Ammonites, qui, ne soupçonnant aucun danger à cette heure
matinale, se croyaient en parfaite sécurité. La panique de l’ennemi
facilita sa défaite ainsi que le carnage qui s’ensuivit. “Ceux qui
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échappèrent furent tellement dispersés qu’il n’en resta pas deux
ensemble.”
La promptitude et la bravoure de Saül, comme l’habileté avec
laquelle il avait su diriger des troupes aussi considérables, étaient
précisément les qualités que les Israélites avaient rêvées pour leur
roi : pouvoir se mesurer avec les autres nations. Aussi attribuèrent-ils
l’honneur de la victoire à des qualités humaines, oubliant que sans
la bénédiction divine tous leurs efforts n’auraient servi de rien. Dans
l’excès de leur enthousiasme, quelques-uns proposèrent de mettre à
mort les hommes qui avaient refusé de reconnaître l’élection de Saül.
Le roi s’interposa par ces paroles : “Personne ne sera mis à mort en
ce jour, car aujourd’hui l’Éternel a opéré une délivrance en Israël.”
Saül donnait là une preuve du changement qui s’était produit dans
son caractère. Au lieu de prendre pour lui le crédit du triomphe, il
l’offrait à Dieu. Et au lieu de s’abaisser à des actes de vengeance, il
manifestait un esprit de générosité et de pardon, qui sont les preuves
incontestables de la présence de Dieu dans un cœur.
Samuel proposa alors la convocation d’une assemblée nationale
à Guilgal, où la royauté placée sur la tête de Saül pût être publi-