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Patriarches et Prophètes
en longues et bruyantes acclamations, fit entendre ce cri : “Vive le
roi !”
Alors “Samuel exposa au peuple le droit de la royauté”, à savoir
les principes sur lesquels le gouvernement monarchique était basé
et par lesquels il devait être régi. Le pouvoir du roi était soumis à la
volonté de Dieu, il n’était pas un monarque absolu. Le discours du
prophète, consigné dans un livre, précisait les prérogatives du prince,
ainsi que les droits et privilèges du peuple. Quoique ce dernier
eût méprisé ses avertissements et l’eût contraint d’acquiescer à sa
volonté, Samuel ne s’efforça pas moins de sauvegarder ses libertés.
S’il fut accepté par le peuple dans sa majorité, le choix de Saül
rencontra néanmoins une forte opposition. Que le monarque eût été
pris dans la tribu de Benjamin, la plus petite des tribus d’Israël, au
mépris de celles de Juda et d’Ephraïm, les plus nombreuses et les
plus puissantes, cela paraissait un affront intolérable aux protesta-
taires, qui refusèrent de faire acte de soumission et d’apporter le
présent d’usage. Les hommes qui demandèrent un roi avec le plus
d’insistance étaient ceux-là même qui ne voulaient pas reconnaître
avec gratitude celui que Dieu avait choisi. Chaque faction présentait
ses candidats ; plusieurs hommes influents convoitèrent cet honneur ;
l’envie et la jalousie entrant en jeu, les intrigues de l’orgueil et de
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l’ambition aboutirent au mécontentement et à la colère.
Dans ces circonstances, Saül, ne jugeant pas à propos d’assumer
la dignité royale, laissa à Samuel l’administration de l’État comme
auparavant, et retourna à Guibéa, honorablement escorté par un bon
nombre d’Israélites, convaincus que son choix était voulu de Dieu,
et déterminés à le soutenir.
Peu après l’élection de Saül, les Ammonites habitant à l’orient
du Jourdain, leur roi Nahas en tête, envahirent le territoire d’Israël et
vinrent mettre le siège devant Jabès de Galaad. Les habitants de cette
ville demandèrent la paix, qu’ils offraient d’acheter par un tribut
annuel. L’impitoyable Nahas n’y voulut consentir qu’à condition
de crever l’œil droit à tous les habitants, en signe perpétuel de son
autorité.
Le peuple de la ville assiégée demanda un délai de sept jours,
que les Ammonites acceptèrent, pensant rehausser par là l’éclat de
leur victoire. Une demande de secours, qui fut immédiatement en-
voyée de Jabès aux tribus de la rive gauche, plongea Guibéa dans la