Page 550 - Patriarches et Proph

Basic HTML Version

546
Patriarches et Prophètes
Beth-Sémès, et s’y arrêta. Il y avait là une grande pierre ; on fendit le
bois du chariot, et on offrit les vaches en holocauste à l’Éternel.” Les
princes des Philistins, qui avaient suivi l’arche “jusqu’au territoire
de Beth-Sémès”, ayant été témoins de sa réception, s’en retournèrent
chez eux, où ils constatèrent que la plaie avait cessé, et que, par
conséquent, les calamités étaient un jugement du Dieu d’Israël.
Les Bethsémites répandirent aussitôt la nouvelle que l’arche était
en leur possession, et les gens de la contrée environnante accoururent
pour saluer son retour. Elle fut placée sur la pierre qui avait d’abord
servi d’autel, et des sacrifices furent offerts devant elle à l’Éternel. Si
ces Israélites s’étaient alors repentis de leurs péchés, ils auraient joui
de la bénédiction d’en haut. Mais tout en se réjouissant du retour
de l’arche comme d’un heureux présage, ils transgressaient la loi
du Seigneur. Ils n’avaient de sa sainteté qu’une vague idée. Au lieu
de préparer à l’arche un lieu convenable, ils la laissèrent dans le
champ, tout en continuant à la contempler et à s’entretenir de la
manière merveilleuse dont elle leur était revenue. Ils en vinrent à se
demander en quoi pouvait bien consister son pouvoir extraordinaire,
et finalement, vaincus par la curiosité, ils s’enhardirent à en soulever
le couvercle.
[577]
Tout Israël avait appris à considérer l’arche avec une révérence
mêlée d’un saint effroi. Des anges invisibles l’accompagnaient dans
tous ses déplacements. Quand les Lévites la transportaient d’un
lieu à l’autre, ils ne devaient pas même la regarder. Une fois l’an
seulement, il était permis au grand prêtre de la contempler. Les Phi-
listins, quoique idolâtres, n’avaient pas osé en soulever les draperies.
Aussi l’audace irrespectueuse des Bethsémites fut-elle immédiate-
ment châtiée. Un grand nombre d’entre eux furent frappés de mort
soudaine.
Loin de se repentir de leur péché, les survivants regardèrent
l’arche avec une crainte superstitieuse. Pressés de s’en débarrasser,
et n’osant la toucher, les Bethsémites envoyèrent dire aux gens de
Kirjath-Jéarim de venir l’emporter. Les habitants de cette ville sa-
vaient que l’arche était un gage de la faveur divine pour les fidèles.
Pleins de joie à cette nouvelle, ils vinrent et l’emmenèrent solen-
nellement en leur ville, et la déposèrent dans la maison du Lévite
Abinadab. Celui-ci en remit le soin à son fils Éléazar, chez qui elle
resta bien des années.