Page 549 - Patriarches et Proph

Basic HTML Version

L’arche chez les Philistins
545
le temple de son dieu, en qualité d’hommage, une image du membre
malade.
Conformément à cette superstition universelle, les seigneurs
philistins conseillèrent d’offrir “cinq imitations d’hémorroïdes d’or
et cinq souris d’or, autant qu’il y avait de princes chez les Philistins,
car, dirent-ils, une même plaie vous a tous frappés, vous et vos
princes”.
Ces hommes sages reconnaissaient qu’un pouvoir supérieur ac-
compagnait l’arche ; mais ils ne conseillaient pas au peuple de se
détourner de son idolâtrie pour servir l’Éternel. Contraints, par des
châtiments douloureux, de se soumettre à l’autorité du Dieu d’Is-
raël, ils ne l’en haïssaient pas moins. C’est ainsi que des pécheurs,
convaincus par les jugements du Très-Haut qu’il est inutile de com-
battre contre lui, se voient dans l’obligation de se soumettre à son
pouvoir tout en repoussant son joug. Ce genre de soumission ne peut
sauver personne. Pour être reçu en grâce, il faut s’abandonner à la
volonté divine.
Il existait néanmoins, parmi les Philistins, des hommes prêts
à s’opposer au retour de l’arche dans son pays. Un tel aveu de la
puissance du Dieu d’Israël eût été, selon eux, humiliant pour l’orgueil
de la Philistie. Mais “les prêtres et les devins” leur dirent : “Pourquoi
endurcir votre cœur comme l’ont fait les Égyptiens et le Pharaon ?”
Un plan fut alors proposé qui reçut l’assentiment de chacun et fut
[576]
aussitôt mis à exécution. Pour éviter tout danger de souillure, l’arche
ainsi que les offrandes expiatoires en or furent placées sur un chariot
neuf. A celui-ci, on attela deux jeunes vaches qui n’avaient jamais
porté le joug. L’attelage fut alors laissé libre d’aller où il voulait.
“Si l’arche monte du côté de son pays, vers Beth-Sémès, dirent les
prêtres et les devins, c’est l’Éternel qui nous a fait ce grand mal ;
sinon, nous saurons que ce n’est pas sa main qui nous a frappés,
mais que tout cela nous est arrivé par hasard.”
Les jeunes vaches prirent en mugissant la route qui mène direc-
tement à Beth-Sémès. Guidées par une main invisible, les bêtes ne
s’écartèrent pas de la route, et l’arche, accompagnée de la présence
divine, arriva sans encombre à destination.
C’était au temps des blés. Les gens de Beth-Sémès moisson-
naient dans la vallée. “Ils levèrent les yeux, aperçurent l’arche, et se
réjouirent à cette vue. Le chariot arriva dans le champ de Josué, à