Page 548 - Patriarches et Proph

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Patriarches et Prophètes
ressemblait à un homme, et la partie inférieure à un poisson. Ce qui
figurait un homme avait été séparé en tronçons, ne laissant entière
que la partie ressemblant à un poisson. Saisis d’horreur, les prêtres
et le peuple virent dans ce mystérieux événement le sinistre présage
de leur destruction et de celle de leur idole par le Dieu des Hébreux.
L’arche fut alors transportée du temple dans un bâtiment isolé.
Les habitants d’Asdod furent frappés d’une maladie douloureuse
et fatale. Se souvenant des plaies qui avaient autrefois atteint les
Égyptiens, le peuple attribua l’épidémie à la présence de l’arche, et
on décida de l’envoyer à Gath. Le fléau la suivit ; les habitants de
cette ville expédièrent le redoutable meuble à Ékron dont la popula-
tion, frappée de terreur, s’écria : “On transporte chez nous l’arche du
Dieu d’Israël pour nous faire mourir, nous et notre peuple !” La ville
eut beau demander protection à ses dieux, comme l’avaient fait les
habitants de Gath et d’Asdod, l’invisible destructeur n’en continua
pas moins son œuvre, de sorte que “les cris de détresse montaient
de la ville jusqu’au ciel”. N’osant plus loger l’arche dans les lieux
habités, les Philistins l’exposèrent en pleine campagne. Alors des
souris infestèrent le pays et ravagèrent les produits du sol, aussi
bien dans les greniers que dans les champs. La nation se vit alors
menacée de destruction, tant par le fléau de la maladie que par celui
de la famine.
L’arche resta ainsi sept mois en Philistie, sans que les Israélites
fissent rien pour la recouvrer. Ce temps écoulé, les Philistins se
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montrèrent tout aussi désireux de s’en débarrasser qu’ils l’avaient été
de s’en emparer. Au lieu d’une source de force, elle n’avait été qu’un
fléau. Mais comment s’en défaire ? Partout où elle était transportée,
les jugements de Dieu la suivaient. On réunit les princes, les prêtres
et les devins, et on leur demanda avec angoisse : “Que ferons-nous
de l’arche de l’Éternel ? Dites-nous de quelle manière nous devons
la renvoyer à sa résidence habituelle.” Les prêtres conseillèrent de lui
adjoindre une riche offrande d’expiation, disant : “Si vous guérissez,
vous saurez pourquoi sa main n’a cessé de peser sur vous.”
Pour conjurer un fléau quelconque, les païens avaient coutume
de faire une image de celui-ci ou de la partie du corps spécialement
touchée. L’effigie d’or, d’argent ou de tout autre métal était placée
comme talisman dans un lieu bien en vue. Une coutume analogue
existe encore dans certains pays païens où l’on apporte avec soi dans